Mes amis les sept nains
Rassurez-vous tout de suite, je ne fais pas collection de nains de jardin (grand dieu, non, quelle idée !). C’est juste que l’autre jour, je pensais à mon groupe d’amis le plus proche, ma « bande », comme ont dit quand on est ado, et j’en suis venue à une conclusion un peu surprenante : chaque petit gars de ce groupe pourrait s’appeler comme l’un des sept nains de Blanche-Neige.
Je vous resitue le contexte, pour bien comprendre. Lycée, année de seconde, durant laquelle je rencontre successivement mes futures meilleures-amies-à-la-vie-à-la-mort, et un groupe de gars un peu plus âgés que nous (c’est trop la classe, d’avoir des potes plus âgés, quand on est en seconde !). Coup de cœur amical immédiat. Et ça fait douze ans que ça dure, au gré des engueulades, embrouilles, éloignements temporaires…
Mais revenons à nos brebis. Les sept nains, disais-je.
Il y a d’abord Prof (C.), qui sait toujours tout sur tout et mieux que tout le monde, qui adore ramener sa fraise pour nous apprendre un truc. Surtout qu’il est avocat, donc autant vous dire qu’il a un débit de parole assez phénoménal. Au bout d’un moment, ça peut devenir soûlant, je ne vous le cache pas. A tel point qu’on a parfois envie de lui dire « tais-toi, pour voir ? ».
Ensuite, il y a Timide (T.), très discret, limite casanier, mais sur qui on peut compter pour se confier ou pour garder un secret. Rarement au centre des prises de bec ou des débats, et aussi neutre qu’un horloger suisse (mais pas aussi ponctuel, puisqu’il est systématiquement le dernier à se pointer aux RDV !).
Grincheux (M.), lui, râle en permanence et n’est jamais content de rien. Il a une dose de pessimisme profondément ancrée en lui, et prétend que c’est son anxiété qui le pousse à penser d’abord aux côtés négatifs d’une situation. Admettons…
Simplet (B.) est très gentil mais parfois surprenant dans ses réflexions. Quand on lui demande par exemple d’apporter la salade pour un dîner, il répond un lapidaire "bah pourquoi ?" (heu… pour qu’on la mange, peut-être ?).
Joyeux (T.) est toujours de bonne humeur, a toujours la blague qui fait rire (ou presque…), est toujours partant pour faire des tas de trucs. Il est souvent l’élément booster du groupe, celui qui prend les initiatives… Parfois un peu trop agité, on lui demanderait bien de freiner sur le café.
Enfin, il y Dormeur (S.), peu bavard, un peu apathique, et toujours prêt à basculer du côté obscur de sa couette. C’est… comment dire… reposant d’être avec lui.
Si vous savez compter, vous avez compris qu’il en manque un à la liste : Atchoum. Ah, celui-là, il m’embête. J’ai pas de copain hypocondriaque, ni de chocotte qui chouine dès qu’il a attrapé trois microbes. On n’a qu’à dire que c’est l’exception qui confirme la règle.
Et puis il y a le Prince… Aaaaah le prince… Jadis (il y a deux ans environ), un huitième protagoniste joua un temps ce rôle-là pour moi. Ce fut une belle histoire très compliquée et chaotique, qui ne s’est pas terminée par "ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants". Aujourd’hui, le Prince est redevenu simplement S.
S. n’habite pas en France, il s’est exilé dans de lointaines contrées il y a près de 6 ans maintenant, officiellement pour jouer au grand garçon, s’émanciper et commencer sa carrière, et officieusement, pour s’affranchir d’une famille un peu compliquée à gérer. Il fait donc partie de mes amis, mais il reste entre nous, encore à l’heure actuelle, une sorte d’ambiguïté très difficile à définir. Un jour, je vous raconterai à quel point il est délicat et problématique de choisir son prince au sein de son groupe d’amis…
Bref, tout ce développement métaphysique pour en arriver à un constat incroyable, que je n’aurais sans doute pas voulu croire si on me l’avait dit il y a quelques temps : j’ai pour amis les nains de Blanche-neige ! Diantre !