Je suis onychophage, sortez moi de là !
Petit Larousse, édition 1991, page 728 : "onychophagie : nf. Habitude de se ronger les ongles". Ben voilà, c’est dit. Je suis donc onychophage. Beurk… C’est pas flatteur, comme terme. Rien que pour ça, ça vaudrait le coup de cesser cette vilaine habitude. D’autant que les petits bouts d’ongles sont loin de constituer un régime alimentaire nourrissant et équilibré. Seulement voilà, j’y arrive pas.
Bon, avec le temps, et le souci d’avoir des mains présentables pour (me) plaire, j’ai quand même fait de gros progrès. Aujourd’hui, mes doigts ne ressemblent plus à dix petits bouts de saucisses boursouflées, et restent corrects à présenter. Je ne me sens plus obligée de les cacher dans les manches trop longues de mes pulls, ou de toujours fermer les poings. Mais on est quand même loin des belles mains raffinées aux ongles carrés tous à la même longueur dont je rêve en secret depuis belle lurette.
Pourtant, petite, je n’avais pas ce problème. Mais je crois me souvenir que c’était une véritable affaire que de me couper les ongles, parce que j’avais très peur de ces drôles de ciseaux à bout arrondis. Alors du coup, j’ai pris les choses en main, et j’ai décidé que j’allais les couper moi-même, ces fichus ongles. Et avec mes quenottes, par-dessus le marché ! On m’a bien dit que j’allais avoir l’appendicite, que c’était pas bon pour la santé. J’ai résisté vaillamment aux mises en garde. Même pas peur, moi.
Mais depuis, je lutte. Par tous les moyens qui existent. J’ai bien entendu testé le vernis amer, censé vous faire passer l’envie de porter les doigts à la bouche. Pfff, c’est mal me connaître, les gars ! Quand j’ai envie de mordiller un ongle, c’est pas trois gouttes amères qui vont m’en dissuader !
Ensuite, j’ai fait poser des ongles en résine dans un institut. C’était l’ancienne technique, celle qui vous fait des ongles épais comme un numéro de ELLE. Résultat : de loin, c’était très joli, mais de près, on voyait bien que je pouvais ouvrir une boîte de conserve rien qu’en tapotant dessus avec mes fausses griffes. Et puis les histoires de remplissage toutes les trois semaines, pour accompagner la repousse, c’est d’un chiant.
Bon, j’ai aussi testé ce qu’on appelle communément la volonté, celle de ne pas se bouffer les ongles au moindre stress, par exemple en prenant un Malabar à la place. Moui, bon… ça marche un peu, c’est vrai, je dois le reconnaître. Mais c’est difficile de tenir la distance. Sans compter que mes petits ongles n’ont plus l’habitude de batifoler comme ça sur plus de deux millimètres, et que par conséquent, ils se cassent au moindre coup de vent. Ou se fendillent. Ou se dédoublent. Bref, ils n’y mettent pas du leur, c’est le moins qu’on puisse dire !
Vous allez me parler de capsules de complément alimentaire ? Mais pensez donc, j’ai déjà testé toutes les marques qui existent sur le marché. Et au terme d’une étude plus qu’approfondie, je dois dire que les Phytophanères, des laboratoires Phyto, fonctionnent pas mal. De là à avoir des ongles durs comme des enclumes, y’a encore du boulot, mais disons qu’aujourd’hui, j’ai le temps de les voir pousser d’au moins trois millimètres avant qu’ils ne se cassent. C’est déjà ça, non ?