Vacances, j'oublie tout (part II)
Pour me remettre de mes aventures sportives, rien de tel qu’une petite virée un peu plus culturelle dans des contrées jusque là totalement étrangères à mes yeux. J’ai ainsi opté pour un week-end prolongé à Copenhague, attirée par le charme nordique et l’art de vivre réputé sain et écolo des scandinaves.
Bon. Bah en trois mots, je suis rentrée perplexe. Non, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Mais voila quoi… Déjà, les Danois ont choisi une langue toute bizarre, pleine de O barrés comme ça : Ø, et de mots long comme un jour sans pain, avec autant de consonnes dedans que de pigeons sales à Paris. Pas fastoche à prononcer, même pour rire. D’ailleurs, ça me ferait bien marrer de jeter un œil sur un jeu de scrabble danois, pour voir. J’imagine déjà la scène : « Oh Inge, vous réalisez SKØZLNIERDTKSTADEN, mot compte triple, 412 points, bravo ! ».
Ensuite, c’est un pays où faut vraiment aimer le poisson, y’a pas à dire. Parce que les filets de hareng fumé au petit déj’, j’ai eu beau faire des efforts, rien à faire, ça voulait pas passer. « Y’a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark » lisait-on dans Hamlet. A mon avis, je pense que c’est la bouffe, faut pas chercher plus loin. Je m’attendais aussi à trouver des trucs vachement plus exotiques, genre de la viande de caribou séchée au soleil de minuit, rapport au fait que la nuit tombe super tard en été. Même pas : des Mc Do et des Burger King à tous les coins de rues, mais point de caribou en vue. Déçue, pffff…
Question culture, j’ai pas eu de veine. Je voulais absolument voir la collection de peinture française du Ny Carlsberg Glyptotek (des Gauguin, des Monet, des Renoir et des Toulouse-Lautrec). Mais quelqu’un de bien inspiré s’est dit que le mois d’août, autrement dit la période la plus touristique, était sans doute le meilleur moment pour rénover l’aile des peintres et en interdire l’accès au public. Un peu comme si Paris mettait les Champs Elysées en travaux à Noël, en somme…
Je me suis rattrapée sur une visite obligée à la petite sirène, symbole de Copenhague, statue issue du conte d’Andersen située à l’entrée du vieux port. Selon la légende, la demoiselle doit attendre durant trois cents ans son prince charmant avant de pouvoir devenir femme à son tour et pouvoir s’unir à lui. Evidemment, personne n’a jugé bon de l’avertir, cette gourdasse, que les princes n’existent pas, et qu’elle a bien tort de poireauter comme ça sur son rocher à se cailler les miches. Pensez-vous, tant que c’est bon pour le tourisme et que ça rapporte des tunes, on laisse faire. Bravo les autorités danoises, hein ! Qu’on ne vienne plus me parler du féminisme à la scandinave, parce que ça me fera hurler de rire. M’enfin bref…
Sinon, Copenhague en elle-même, bof. La ville fonctionne sur le mode binaire. Dans toute ville, il y a des endroits jolis et d’autres un peu plus moches, c’est un fait. Mais à Copenhague, on peut passer en un coin de rue d’un quartier mignon comme tout (ex : le nouveau port, sur la photo, avec les façades multicolores) à des avenues immenses et archi laides qui m’ont fait penser à la Russie des années d’après-guerre, ou du moins ce que j’en imagine. (Non pas que j’aie quelque chose contre la Russie, mais si je n’ai précisément pas choisi de partir à Saint-Pétersbourg cet été, c’est pas pour des prunes). Cela dit, je m’incline, quand on aime la couleur dans l’architecture, on est servi. Les Danois ont du récupérer les fins de stocks de chez Bricorama pour repeindre leurs façades, et y’avait jamais deux pots de la même couleur. Au final, ça donne un joli patchwork jaune rose bleu mauve assez seyant. Ca me plait.
Les Danois me plaisent aussi, c’est un fait. Plutôt beaux gosses, les bougres. Le souci majeur, c’est que les Danoises aussi. Toutes grandes, minces, au teint irréprochable et aux pommettes haut perché. Y’a pas à dire, la concurrence est déloyale. En même temps, à force de se déplacer en vélo, de faire du Pilate, du sauna, et manger du tofu par paquet de douze, faut bien que ça paye à un moment où un autre. Chacun son truc.
Là où j’ai été franchement déçue, en revanche, c'est au niveau du sens de l'accueil. De façon globale, les commerçants, restaurateurs, et autres gens en contact avec les touristes sont d'un niveau de courtoisie proche du zéro pointé. Alors ok, à Paris, les parisiens sont mal embouchés et ne font aucun effort pour les touristes aussi, je vous l'accorde. Mais à la limite, on pourrait dire que c'est de notoriété publique. Alors que les Danois, on ne le sait pas assez, mais en règle générale, ils sont pas vraiment funky-funky ! Bon, en même temps, on pouvait s'attendre à quoi de la part de ceux qui sont les premiers à avoir voté non au référendum sur l'Europe, hein ? Vont pas commencer à nous accueillir les bras ouverts sitôt le dossier "classé", ça ferait louche.
Enfin bref... Ce petit trip, c'était sympa, et je suis sincèrement contente de l'avoir fait, mais je dois dire que je m'attendais à autre chose... Copenhague, c'est bien, en abuser, ça craint ! (Et ceci reste, bien entendu, un avis strictement personnel, que personne ne s'offusque...)