Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics
- "Tu sais quoi ?" Smaaaack
- "Non, quoi ?" Smaaack
- "Je pensais à une belle écharpe, comme cadeau pour ta mère" Smaaaack
- "Oui, bonne idée, ça lui plaira beaucoup" Smaaaack
- "Et pour ton père, par contre, je sais pas trop, pour le moment..." Smaaaaack
- "Tu sais, lui, il s'en fiche un peu des cadeaux" Smaaack
- "Ah oui mais quand même !" Smaaack
- "C'est bien que tu viennes..." Smaaack
- "Oui..." ... Sluuuurp (retranscription plus ou moins fidèle de la grosse gamelle bien baveuse qui clôt la discussion) (oui, je sais : c'est très miam)
Voilà. Ca, c’est la scène à laquelle j’ai eu droit en rentrant chez moi en métro hier soir. Et aux premières loges, en plus. Autant dire que, sans même pouvoir faire autrement, je n’ai pas perdu une miette du spectacle de ces deux amoureux, fascinée que j’étais par ce type de gens qui arrivent à se sentir seuls au monde aussi facilement.
Je dois avouer aussi que le coup du smack sonore placardé sur les lèvres du conjoint à chaque fin de phrase, ça m’a laissée perplexe. Je me suis même demandée à un moment si ces deux zouaves n’étaient pas en train de prendre les autres voyageurs du métro pour des cons. Mais apparemment, non. Ils étaient juste à fond dans leur trip (et dans leur conversation insipide).
Aaaah, je sais ce que vous êtes en train de vous dire : « elle est intolérante, envieuse ou même pire, jalouse ». Ben non, même pas. C’est juste que moi, les grandes démonstrations affectives en public, c’est franchement pas mon truc. Je suis d’un naturel hyper pudique pour tout ça, et j’ai toujours un peu de mal avec les gens qui imposent leurs débordements de tendresse aux autres sans se demander si ça peut les mettre mal à l’aise ou non.
En même temps, je devrais pas trop me plaindre. Les amoureux de mon métro étaient certes un peu crispants, mais tellement dans leur petite bulle qu’à la limite (à l’extrême limite, disons), c’en est attendrissant. Mais parfois, on a affaire à des vraies têtes à claques qui sont là exclusivement pour se donner en spectacle.
Les ados englués et tellement scotchés l’un à l’autre qu’on ne peut pas faire passer entre eux un ticket de métro, ça passe encore. Ils ont au moins l’excuse de l’âge et des hormones en ébullition. J’effacerais juste les regards de provoc’ et l’exhibition forcée qui va généralement avec, mais passons.
Ceux qui me font doucement rigoler, ce sont les amoureux qui dînent en tête-à-tête au restaurant, sans se lâcher des yeux, voire même des mains, à tel point que ça en devient vraiment peu commode pour pouvoir se servir des couverts. C’est-ti pas meugnon, tout ça ?
En revanche, le mec qui bisoute sa copine cagolée comme une couv’ de Vogue tout en lui tripotant la fesse en pleine rue, comme pour signifier à tout le monde « hé oui, c’est à moi cette belle chose-là », ça me défrise sérieusement, par exemple.
Dans un tout autre genre, j’ai aperçu dernièrement dans une soirée un type qui galochait consciencieusement sa copine (et je peux vous dire qu’il y mettait tout son cœur) MAIS tout en gardant les yeux ouverts et en jetant des coups d’œil autour de lui. C’est vrai, on ne sait jamais… des fois que Cameron Diaz passerait par là, ce serait quand même con de louper le spectacle.
En tout cas, je peux vous dire que quand on croise le regard d’un mec en train d’embrasser une autre nana, ça fait un effet bizarre. Un peu flippant. Et pas très agréable, en fait.
J’ai failli aller lui dire que s’il était en train de tenter de prouver que, contrairement à ce qu’on dit, les hommes savent faire plusieurs choses à la fois, il avait peut-être pas choisi la bonne voie. Et puis je me suis ravisée. Il était déjà très occupé, je m’en serais voulu de le déranger encore plus.
Franchement… et on dit que l’amour est mort ?