Héros malgré eux
Si j’étais du genre à avoir les chevilles qui enflent facilement, j’aurais de quoi me la péter grave, vous savez ? Heureusement pour vous, ce n’est pas le cas (sauf en période de canicule – saloperie de rétention d’eau), et je vais même vous raconter le pourquoi du comment. Qu’on ne vienne pas me dire après que je n’ai pas su rester simple et accessible, hein.
Invitée avec une douzaine d’autres blogueurs pour le compte de Levi’s, nous participons il y a quelques temps à une grande journée de tournage et de shooting photo pour le prochain site promotionnel du mythique jean 501, autour du concept « live unbuttoned » (vivez déboutonnés).
Oui, alors, non. Je précise tout de suite un truc : on n’a pas passé la journée avec le pantalon sur les chevilles et le cul à l’air, hein. Surtout qu’on ne se connaissait pas tous très bien, ça aurait fait désordre. Leur truc, là, ça voudrait plutôt dire, en gros, « soyez-vous-mêmes, vivez à la cool, no complexes ».
Du coup, on nous a expliqué très joliment que notre liberté de ton et notre franc parlé correspondaient bien aux valeurs véhiculées par Levi’s (ah ?), qu’on représentait chacun à notre façon des « Local Heroes » (oh ?!!) fédérant leur communauté de lecteurs (oh tiens, on parle de vous), et que notre portrait filmé et shooté allait être proposé sur le site (haaaannn), au même titre que celui de nombreux artistes de toute l’Europe (musiciens, graphistes, skaters, designers…).
Bon. Ben déjà, à ce stade, on aurait pu commencer à prendre le melon. Grave. C’est vrai, « Local Heroes », ça la pose là, comme concept. On aurait pu, donc. Mais on n’a pas. Parce qu’après la pommade et les lancers de fleurs, il a fallu passer aux choses sérieuses. Et j’aime autant vous dire que quand il s’agit de faire le guignol devant une caméra ou un objectif, moi, je la ramène beaucoup moins, tout de suite.
Etape 1 : La photo portrait.
Fond neutre, aucun accessoire, projecteur en pleine gueule et objectif à un mètre de moi. Et là, Cyril le photographe, qui me balance « vas-y, fais comme tu le sens ».
??!!?
Ben ça va être très vite vu, mec, vu que je le sens zéro, en gros. Pourtant, c’est pas la première fois que je me retrouve sous les feux de la rampe, mais force est de constater que je n’ai pas progressé d’un iota depuis. Je bouge péniblement, un coup à droite, un coup à gauche. Cyril m’encourage du mieux qu’il le peut. Je le soupçonne d’avoir pris du Tranxène, pour rester calme et patient comme ça face à tant de stress et d’incompétence de ma part. En même temps, si j’étais Claudia Schiffer, je ne serais pas là à vous raconter des conneries sur un blog, donc quelque part, l’ordre du monde est respecté. Quinze minutes plus tard, les clichés sont dans la boite, et le portrait prévu pour le site est choisi. Non, non, non. Ne me demandez pas pourquoi j'ai pris cette pose, je n'en sais RIEN.
Etape 2 : La photo en situation.
C’est samedi, il faut beau, nous ne sommes pas loin d’un grand boulevard. Pourquoi ne pas profiter de cet environnement pour réaliser un truc dans l’esprit urbain ? (Bon, ça, c’est pas moi qui réfléchis, c’est Cyril, hein. Moi je me suis contentée d’acquiescer niaisement en me demandant si mon maquillage n’avait pas foutu le camp. Chacun son truc, je dirais). Direction le Boulevard de Sébastopol et son trafic de voitures ininterrompu. L’œil avisé de l’expert repère immédiatement le cadrage qui s’impose. « Ok, on va se mettre au milieu du boulevard, tu marches vers moi, un peu dans l’esprit Sophie Marceau pour la pub Champs Elysées, tu vois ? ». Heu, oui. Sophie Marceau, je vois très bien. Pour le reste, je vois surtout que je suis sur un terre-plein central de cinquante centimètres de large, entre un couloir de bus et trois voies de bagnoles, que le pied de l’objectif empiète très largement sur la chaussée, et qu’à ce rythme-là, dans trois minutes, tout ça va se finir en faits divers. Mais sinon…
Les passants s’arrêtent pour regarder de plus près qui est cette mystérieuse fille qui prend des airs de top-model, les voitures ralentissent et klaxonnent parfois, Cyril crie ses directives pour couvrir le bruit du trafic. Impression étrange d’avoir été projetée en pleine séance de photos mode pour Vogue. Finalement, la photo sera prise durant les quelques secondes où le flot de voitures s’est interrompu. On voit plus trop le lien avec Sophie Marceau, mais c'est évidemment parce que le boulevard de Sébastopol n'a rien à voir avec les Champs Elysées. N'est-ce pas bien sûr. (Ahem...)
Etape 3 : Le tournage du mini film.
Je sanglote, je blémis à présent qu’a sonné l’heure. Sans déconner. Pourquoi vous croyez que j’ai choisi de faire un blog ECRIT moi ? Ben parce que à l’oral, je me sens aussi à l’aise qu’une mouette en bigoudis, si vous voulez savoir. La touche « supprimer » est mon amie, et jusqu’à preuve du contraire, elle n’existe pas encore in real life. Ou alors, on me cache des choses.
Les jambes qui tremblent (à peu près) hors champ, je fais face à la rafale de questions dont on ne verra au final qu’un court montage (ah bah c’était bien la peine de se donner tout ce mal pour tenter d’être drôle et spirituelle, hein ?). Les trois projecteurs braqués sur moi m’aveuglent totalement, et il fait au moins cinquante sept degrés sur le plateau, je le sens aux petites gouttes qui commencent à perler dans mon dos. A moins quece ne soit le résultat de tout ce stress ? Autant dire que ce genre de challenge, c’est un peu comme la visite annuelle chez son dentiste, on est content de l’avoir fait après coup, mais sur le moment, on en bave des ronds de chapeaux, quand même.
Au final, je gigote autant que si j'avais envie de pisser (et pourtant non, je vous rassure), je me suis découvert des gènes italiens vu le nombres de gestes que je fais avec les mains, et je crois pouvoir dire à Laurence Ferrari et à son ombre à paupières mauve qu'elles peuvent rester peinardes : la relève, venant de moi, c'est pas pour tout de suite tout de suite. (Bon, honnêtement, ça aurait pu être pire, aussi...)
A voir sur www.501.com (c'est un peu long à charger...)
(Hé ouais. Après des mois sans aucune photo sur ce blog, je vous en fais bouffer des kilos d'un coup. C'est moi, ça. Tout dans la mesure...).
Merci aux équipes de Buzz Paradise et Duke, à Cyril Masson pour sa patience d’ange, et au soleil pour avoir été de la partie.
Les blogueurs présents : Romain, Vinz, Cyprien, Mry, Katia, Greg Pouy, Plastie, Sam, Juliette, Gaëtan, Anne-Laure, aZZed, Greg.