Jeanne et les garçons formidables
(Ou : le lundi, c'est culture. Mais uniquement cette semaine).
Jeanne Cherhal et moi, c'est une histoire qui remonte à longtemps. Je la découvre un soir, par hasard, en première partie d'un concert de Thomas Fersen à la Cigale. Elle est là, devant son piano, sur une scène presque trop grande pour elle. Ses deux petites tresses lui donnent un air mutin et juvénile, tout droit sorti de l'adolescence. Qu'est-ce que c'est que cette affaire-là, me demande-je intérieurement.
Et puis le miracle opère. Jeanne Cherhal est une petite bonne femme pleine de pêche, pas timide pour deux sous, qui réussit vite fait bien fait à mettre tout le public dans sa poche. A la sortie du concert, je suis totalement conquise par son humour et ses textes légers sur des thèmes parfois sombres, et je me précipite découvrir ses deux premiers albums, tout particulièrement Douze fois par an, qui me fait littéralement devenir fan de la première heure. C'était en 2004, et l'album est alors couronné d'une Victoire de la musique.
Le temps passe. En 2006, Jeanne sort un troisième album, L'eau, qui me déçoit et dans lequel je ne retrouve plus la fraîcheur et l'impertinence des premières chansons. Je mets à regrets "ma" Jeanne de côté.
Et puis il y a quelques temps, je reçois une invitation pour découvrir en avant-première lors d'un petit concert privé, le nouvel album de la miss, Charades. Youplaboum, voilà peut-être l'occasion de renouer avec Jeannette. Je fonce ainsi ventre à terre au concert en espérant redécouvrir l'artiste que j'ai tant appréciée, ses mélodies faciles à fredonner et pleines de pep's, ses thèmes de la vie quotidienne revisités avec humour.
Le concert a lieu dans un petit bar du 20ème arrondissement. Quand Jeanne monte sur "scène", première stupéfaction. Au placard les nattes et la tenue de fille sage. Mademoiselle arbore un body ultra échancré et des mini boots, qui révèlent un corps de sirène absolument parfait. Bon. Ok. Ca me fait un peu bizarre quand même, ça ne cadre plus avec l'image que j'ai de la miss. (Au passage, je demande à Chéribibi, qui m'accompagne, de rentrer sa langue et de fermer la bouche, ça fait mauvais genre et ça salit le plancher).
Jeanne est fidèle à elle-même, dynamique, souriante, entrainante, pleine de vie. Elle dévoile alors les titres de son nouvel album, accompagnée par un trio de musiciens aux looks détonants.
(Mille mercis à Larcenette pour ses photos, mon Iphone m'ayant joué des tours ce soir-là...)
Pourtant, je reste mitigée. Non, je ne peux pas dire que je n'aime pas, mais ce n'est pas non plus le franc délire dans ma tête. Jeanne Cherhal a clairement fait son chemin depuis notre première "rencontre", et choisi une attitude plus pop, plus "braillarde", moins douce. Qui plus est, je n'aime pas trop découvrir complètement un album pendant un concert, j'ai besoin en premier lieu d'écouter la chanson au calme, d'en comprendre les paroles, de me les approprier. Ce concert me laisse perplexe, en fin de compte...
La magazine Glamour écrit dans son dernier numéro : "les chansons rigolotes chantées à la va-comme-je-te-pousse en cognant sur le piano, c'est bien. Mais faire attention à la musique, c'est mieux". Je ne suis pas forcément d'accord, sur ce coup.
Quelques jours plus tard, je reçois l'album et écoute enfin ces titres en prenant le temps de les découvrir. Je ne mentirai pas en disant que j'adoooooore, mais je retrouve malgré tout des mélodies qui restent en tête, que l'on prend plaisir à fredonner.
Petit coup de coeur sur la chanson "Cinq ou six années", relatant cette période délicate des années lycées où on ne sait pas toujours quoi faire de soi, de son corps, de ses états d'âme. Certainement pas le titre le plus médiatique de l'album, mais un petit je ne sais quoi qui me touche...
Et je ne résiste pas au plaisir de vous faire écouter, si vous le souhaitez, trois des titres de son second album, qui m'ont fait sourire à l'époque et me plaisent tout autant aujourd'hui : Un couple normal (sur les liaisons extra-conjugales), Super 8 et Ca sent l'sapin.
Et je rajoute cette reprise d'Anne Sylvestre (toute mon enfance...) chantée en trio avec Vincent Delerm et Albin de la Simone, que je viens de découvrir en cherchant les liens de mes chansons sur Deezer : Les gens qui doutent (très joli, très doux). Enjoy !