Email Diamant (ou j'ai testé pour vous le blanchiment des dents)
Retrouver un sourire ultra bright... Voilà bien une vieille lubie qui me trottait dans la tête depuis des lustres, régulièrement stoppée dans le passage à l'acte par le prix exorbitant pratiqué par mon dentiste ("mmm, non, j'vais plutôt m'offrir quinze jours de vacances, à choisir...") et les techniques un peu olé-olé des cabinets esthétiques qui ont poussé comme des champignons dans les rues de France dernièrement. Et puis une nouvelle offre apparue récemment, sans l'aide de substances (trop ?) chimiques et à un prix d'appel intéressant, m'a fait sauter le pas. C'est donc toute guillerette et détendue que je me suis rendue au centre de blanchiment, la semaine dernière, prête à retrouver mon sourire de star hollywoodienne.
La porte à peine poussée, je suis accueillie par le sourire éclatant et la politesse enjouée de notre hôte, que j'appellerai James pour les besoins narratifs. James est beau gosse, certes, mais surtout digne représentant de son business, avec ses jolies dents blanches bien alignées. A priori, je suis donc au bon endroit pour causer quenottes éclatantes.
James m'installe dans l'un des trois box du cabinet, et me précise le déroulé de la séance. C'est là que je commence à me dire qu'on n'est pas vraiment parti pour une grosse marrade. Moi qui pensais venir me détendre à ma pause déj', je vois bien que je n'ai pas misé sur le bon cheval. (Note personnelle : la prochaine fois, me contenter d'une séance shopping).
On commence par se frotter les dents avec un gel posé sur une mini éponge, afin de déposer toute trace de nourriture et/ou de résidu qui risquerait d'altérer le bon résultat. Je me sens un peu couillonne de me quasi-brosser les dents devant James comme si on se connaissait depuis un bail, d'autant que lui ne se lasse pas de sourire (il a du en voir d'autres, je sais bien), et continue à m'expliquer le processus. Il me dégaine alors une affreuse gouttière en plastoque qu'il remplie d'un gel visqueux, que je vais devoir mordre à belles dents pour bien répartir le produit.
Bon. Quand faut y aller, faut y aller. Et je ne suis pas venue pour enfiler des perles, à ce que je sache. Dont acte. Je mords. Et je me retiens de vomir, aussi, devant la sensation assez étrange de gélatine qui se répand partout dans la bouche. (Je refuse catégoriquement de mirer mon joli look dans le miroir posé en face de moi, sous peine d'avoir envie de me mettre à pleurer, en plus).
James, toujours toutes dents dehors, s'assure que la gouttière est bien placée, et continue à m'expliquer : en me plaçant devant la lumière qui fait agir le produit, je vais devoir sourire le plus possible, "comme si je voulais faire bronzer mes dents". Ah ? Ah oui donc là, je ne vais pas pouvoir dormir peinarde, en fait, c'est ça ? C'est ça.
Impossible pour moi d'articuler le moindre mot. Je marmonne donc un vague "mmmfffpppp" qui pourrait vouloir dire aussi bien "ok j'ai tout compris, ça roule" que "putain mais sortez-moi de là, au secours", et James s'en va, me laissant en tête à tête avec ma gouttière, mon gel visqueux, mon sourire forcé et un superbe film de Yann Arthus-Bertrand pour me distraire (ha ha, c'te blague aussi !)
Pendant près de vingt minutes, je me force donc à sourire de toutes mes dents devant la loupiote bleutée, afin d'optimiser le traitement. Inutile de préciser qu'au bout d'à peine huit, j'ai déjà mal aux maxilaires, et que la jeune femme souriante doit plus ressembler à un poney crispé exhibant ses ratiches.
Diiiiing, le premier round est terminé. James accourt, un grand gobelet à la main, et me demande de retirer la gouttière. Je comprends assez rapidement le pourquoi du comment de la présence du gobelet, à l'énorme filet de bave qui coule en même temps que la gouttière que je retire. Glamour, vous avez dit glamour ? Ah non c'est la porte à côté !
Oui, plus la peine de faire des cachotteries sur le sujet : se faire blanchir les dents est TOUT sauf un acte sensuel et délicat, sachez-le. (James, arrête de me regarder crachouiller ma bave, pitié, j'ai déjà bien assez honte comme ça...).
Une fois l'épisode bave/rinçage de bouche/essuyage terminé, nous voilà repartis pour une nouvelle séance de vingt minutes. Lumière bleue, sourire forcé, film hilarant, tutti quanti...
James passe régulièrement la tête pour demander si tout va bien, et je lui réponds régulièrement un "hunnaaahunnn" courtois.
Au bout de la 3ème et dernière session, je n'en peux littéralement plus de toute cette opération. J'ai l'intérieur de la bouche tout fripé, l'impression d'avoir roulé une mega pelle à un Kiss Kool (rapport au goût mentholé du produit), l'envie d'envoyer bouler James quand il me redemande de sourire à pleines dents, et je connais tout des inondations au Bangladesh, pays cher à Arthus-Bertrand.
Quand sonne enfin l'heure de la délivrance, je suis à deux doigts de l'infarctus de la mâchoire, et supplie James du regard pour qu'il me débarrasse enfin de tout l'attirail anti-glam'. Re-bavouille, re-crachouille, re-rincage de dents.
Et enfin, tadaaaaammmm, résultats en direct live dans le miroir du cabinet. Wouhaaa, ça flashe ! Mes dents sont effectivement plus blanches, et surtout, leur teinte est bien uniformisée, ce qui donne un bel effet fraicheur et netteté à mon sourire. James me prévient que la teinte va redescendre d'une tonalité d'ici douze heures, mais que je vais garder le bel effet uniformité pendant quatre à cinq mois, en fonction de mon mode de vie (cigarettes, café, thé...).
Hé bien, merci pour tout, au revoir, à la prochaine, bonjour chez vous (vite, partir d'ici, avant qu'on ne me fasse le moindre chantage avec les images volées de ces situations embarrassantes et baveuses que je viens de vivre).
Verdict à dix jours de l'opération : La teinte wouhhaaaaouuu obtenue à la sortie du cabinet est effectivement retombée, peut-être un poil plus que ce que j'espérais, d'ailleurs. Je conserve néanmoins une bonne régularité de teinte sur l'ensemble des dents. Gros bémol cependant en ce qui me concerne : deux endroits des gencives complètement irrités depuis le traitement, que je soigne à grands renforts de gel-pansement et bain de bouche. Je précise que j'ai les gencives ultra sensibles, et que l'amie qui a réalisé le blanchiment en même temps que moi n'a pas rencontré ce problème.
Bilan de l'opération et note personnelle : 6/10.