Qu'est-ce que tu lis, doudou, dis donc ? #3
10 mars 2014
Ouh la la, déjà un mois que je n'étais pas repassée par ici. C'est que le temps file ! Nous voilà malgré tout reparti pour un petit tour des lectures du moment. Cette semaine, on explore les familles tourmentées qui affichent une apparence heureuse mais camouflent bien des secrets et des mensonges. (N'est-ce pas, finalement, le lot de toutes les familles ?)
* Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan.
* Le pitch : Après la mort de sa mère par suicide, l'auteure s'est lancée dans l'écriture de la biographie de celle-ci, afin de mieux comprendre la personnalité ambivalente qui la caractérisait. Au gré des interviews et récits récoltés auprès de ses proches, elle plonge alors dans les secrets de famille inavouables, les douleurs refoulées et les doux souvenirs des jours heureux, qui ont façonné l'histoire de cette femme bipolaire, si belle et si fragile...
* Mon avis : C'est sûr, dit comme ça, le résumé ne fait pas forcément envie. Du moins, on est plutôt certain de ne pas se poiler de rire à chaque page. C'est pourtant un roman bouleversant, dont j'ai tourné la dernière page avec une pointe de tristesse et des presque larmes au coin des yeux. Entreprise cathartique au départ, l'auteure enquête pour mieux comprendre pourquoi Lucile n'est pas la maman aimante et dévouée qu'elle aurait aimé avoir. La reconstitution de l'histoire de sa mère, dévoilant certains pans cachés de sa vie, permettront à l'écrivain* de prendre la mesure des troubles psychotiques graves dont souffrait celle-ci, et la façon dont ils ont impacté toute sa vie, et par ricochet celle de sa propre descendance. C'est au final un très bel hommage que rend Delphine de Vigan, jusque dans la photo de couverture particulièrement touchante. J'ai beaucoup aimé, vous l'aurez compris.
On pourrait objecter que ce récit est trop personnel, trop intime, voire impudique (certains secrets de famille sont particulièrement dérangeants), et n'intéressera que les membres de la famille de l'auteure. C'est vrai que ces 400 pages sont un sacré déballage de linge plus ou moins sale et de secrets jetés en plein jour, mais en lisant entre les lignes, on y retrouve toujours une partie de sa propre histoire, une meilleure compréhension de la façon dont chaque famille recèle son lot de blessures et de douleurs, qui nous affectent les uns les autres, même insidieusement.
(* oui, autant j'aime bien écrire auteurE, autant écrivain, je le préfère au masculin.)
* Le dîner, de Herman Koch.
* Le pitch : Un restaurant, deux couples, les deux hommes sont frères. Sous les sujets les plus anodins et les conversations d'usage, ils sont en fait rassemblés là pour aborder le sujet qui les préoccupe tous depuis des semaines : leurs fils respectifs, cousins donc, âgés d'une quinzaine d'année chacun, sont coupables d'un acte terriblement violent et répréhensible, qui aura fatalement des conséquences sur leur vie à tous. Ou pas. Car chacun a sa façon personnelle de concevoir l'affaire...
* Mon avis : Très original ! Un roman dont l'intrigue est rythmée par la succession des plats apportés à table. A l'apéro, on pose les bases : personnages, décor, cadre... A l'entrée, l'intrigue se met peu à peu en place, on cerne les personnalités des quatre protagonistes. Puis le plat, le dessert et le café apportent leur lot de rebondissements. Au bout du compte, ce n'est pas seulement l'addition qui sera salée, mais la morale qui sera bien égratignée au passage. On tourne les pages, avides de savoir pourquoi "c'est" arrivé, comment, et surtout quelle en sera l'issue. Petit bémol : quelques longueurs, parfois de longues pages de descriptions qui peuvent facilement être zappées sans nuire à la cohérence globale, et surtout une fin qui laisse perplexe et presque insatisfait. Et vous, jusqu'où iriez-vous pour protéger quelqu'un qui vous est cher et qui a commis l'irréparable ?
Commentaires sur Qu'est-ce que tu lis, doudou, dis donc ? #3
- Oui, tu as raison, il est sorti il y a longtemps, mais comme toi, j'ai vu qu'on était nombreuses à le lire ces temps-ci... (et oui, très joli article de Marlène !)
Je n'ai pas lu Mauvaise Fille, tout le battage médiatique autour m'avait fatiguée, mais il est peut-être temps de rattraper mon retard.
Bises et bonne semaine aussi :)


Concernant le dîner, j'ai été emballé au début et plus j'avancais dans le livre moins j'ai aimé... pour au final detester. Personnellement, je ne le conseille pas. Mais c'est vraiment intéressant de voir des avis différents sur un livre
- Je peux parfaitement comprendre ton avis sur Le Diner. Disons que j'ai trouvé ce livre intéressant, mais j'ai par moment eu du mal à m'y plonger, et j'ai pu le laisser plusieurs fois de côté pour lire d'autres choses (magazines ou livres rapides), alors qu'un vrai bon livre, pour moi, on n'a juste PAS envie de le lâcher, et de s'y ponger chaque jour avec plaisir.
- Tu parles de l'avis de begibgi, juste au dessus ? En tout cas, tu peux toujours te lancer et interrompre ta lecture si tu n'accroches pas. J'hésitai à le faire avant, mais désormais, je n'ai plus ce complexe. Trop de bons bouquins à découvrir pour perdre du temps à lire des trucs qu'on aime pas.. :)
Je l'ai fini hier soir, et comme toi j'ai adoré ce livre, il m'a même fait sangloter une fois quand l'auteure comprend que finalement, sa mère l'a vraiment aimée (c'est idiot, mais ça m'a bouleversée). Sinon le côté "déballage de vie" ne m'a trop dérangée (il faut dire que c'est rien à côté de Mauvaise Fille, de Justine Lévy... l'as-tu lu ? Je te le conseille vraiment !) dans la mesure où tous ces éléments paraissent finalement nécessaires pour comprendre l'histoire assez déroutante de cette famille finalement pas comme les autres... Bonne semaine Katia ;)