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Gin Fizz
30 mars 2009

Inside Out of Africa

Elephants_fin_de_journ_eDes années que j’en rêvais, de ce voyage. Des années que je fantasmais sur les paysages qui m’attendaient, les peuples qui m’accueilleraient et les images que je ramènerais de ce périple. Et puis finalement, c’est arrivé. Un peu sur un coup de tête, beaucoup parce que j’avais besoin de changement, d’exotisme et de vraie coupure avec mon petit monde, j’ai signé avec excitation le contrat de l’agence de voyage. Enfin, je partais au Kenya.

Bon. Ca, c’était pour l’introduction un peu mélancolico-suspensifiante du début de post. Pas mal, hein ? Je devrais écrire des romans, parfois, je me dis…

Le Kenya, donc. Je vais être très directe et franche : c’était à tomber par terre de bonheur, ce voyage. Voilà. Je crois qu’on peut difficilement faire plus clair en matière d’enthousiasme. J’ai trouvé là bas tout ce que j’ai imaginé pendant des lustres, depuis les étendues de savane parsemées de bestioles variées jusqu’à l’accueil chaleureux, souriant et curieux des habitants, dont le maître-mot à l’égard des touristes reste le fameux Hakuna matata (« pas de problème ») répété en boucle.

Impossible de décrire par le menu tout le déroulé de ce voyage, d’abord parce qu’il en faudrait des tartines (et je vous connais, passées 30 lignes, un billet de blog vous file la nausée d’office), et ensuite parce que mettre des mots là dessus impliquerait de trop décortiquer les choses, or j’ai envie de garder tout ça intègre et complet dans ma tête. Mais voyons quand même les grandes lignes (sinon on va encore dire que je vous ai fait poireauter pour que dalle).

Ah… avant que je n’oublie… pour les photos, vous serez gentils, mais on n’est pas chez National Geographic, ici, hein ? Ici, c’est du pris sur le vif, avec Jeep 4/4 qui fait vibrer l’appareil à chaque prise de vue, contre-jour écrasant et zoom inadapté, ok ? (en gros, c’est des photos de chiotte, je suis super déçue, ça ne rend rien comparé au vrai).

carte_r_serves

En route pour huit jours intenses de safari (mot qui signifie "voyage" en swahili), à quadriller le pays en long en large et en travers, avant de finir par quelques jours de plage tranquille au sud de Mombasa, sur les plages de l'Océan Indien, pour assurer en douceur la transition vers le dur retour à la réalité.

Sitôt débarqués de l’avion, départ pour la réserve d’Amboseli, au sud du pays. Un parc très aride (Amboseli signifie "poussière", et mes yeux s'en souviennent encore), dont un unique lac, asséché en cette saison, assure le principal point d’eau. Et pourtant, malgré la sécheresse, c’est le parc où la densité animale est la plus forte : partout autour de nous s’étendent des troupeaux de zèbres, de gnoux, de gazelles, d’impalas, d’éléphants et de buffles, broutant paisiblement en paix les uns avec les autres. Au fond de la réserve, dans le ciel, se dessine par temps dégagé le Mont du Kilimandjaro, dont on aperçoit les neiges éternelles plus si éternelles que ça. La carte postale en live. Joseph Kessel écrivait dans ‘Le Lion’ en parlant de ces paysages « il me semblait que j’avais retrouvé un paradis rêvé ou connu par moi en des âges dont j’avais perdu la mémoire ». Et c’est exactement ça : une impression de jardin d’Eden où viennent s’ébattre toutes les bêtes de la création… ('tain, on dirait du Baudelaire, non ?)

Amboseli_1

Amboseli_elephants
Ah ça... ça nous change du zoo de Vincennes, hein ?!!

zebre_Et_gnou

Le gnou, au second plan, est, selon la légende, le dernier animal de la création, et a été conçu avec toutes les pièces restantes des animaux déjà créés. Il en résulte un truc bizarre et pas très jojo, à mi chemin entre l'âne, le bison et le taureau. Un gnou, c'est pas chou du tout.

Carcasse

Ah... encore un qui n'a pas débarrassé la table...

Kili_et_elephants

Le fameux Kilimandjaro, et un petit troupeau d'éléphants, qui protège systématiquement les petits du groupe en les encadrant.

Au nord toute, ensuite, où nous rejoignons les flans du Mont Kenya pour dormir en haute altitude dans un tree-lodge, entièrement conçu en bois et parfaitement intégré à l’environnement, dont chaque chambre donne sur un point d’eau d’où l’on peut admirer les bêtes venant s’y abreuver. Il est possible de demander à se faire réveiller durant la nuit, si d’aventure des animaux « rares » à voir, comme le léopard ou le rhinocéros, viennent prendre un verre entre copains.

Point_d_eau_mont_kenya

Les buffles qui s'étaient planqués dans la clairière pour la nuit reviennent au petit matin autour du point d'eau. (... C'est pas terrible non plus, un buffle, à bien regarder ?)

Nous continuons vers les réserves situées au nord du pays : Samburu, Shaba et Buffalo Springs, aux terres arides et désherbées, où il nous faut pourtant chercher véritablement les animaux, à la différence du premier parc où ils étaient si nombreux. Puis redescente vers la capitale, en traversant les lacs de Naivasha et Nakuru, dont les deux millions de flamands roses habituels avaient déjà commencé leur migration en Tanzanie, plus au sud, pour y trouver de la fraîcheur.

girafe___Buffalo_S

La girafe réticulée (ah je suis in-co-llable, maintenant) peut se passer de boire pendant 7 jours, d'autant que c'est quasi le seul moment où elle est vraiment vulnérable, vu qu'elle doit se pencher et écarter les pattes au maximum pour ça. Pour autant, quand elle trouve un point d'eau, elle en profite à fond et peut avaler jusqu'à 60 litres en une seule fois. Comme ça, elle est peinarde. (Tss, et après, on s'étonne de la sécheresse dans le monde, tiens).

Buffalo_S_gazelles_girafes

Ca, c'est des petites gazelles girafes, au long cou et qui peuvent se tenir sur leurs pattes arrières. Sont mignonnettes, non ?

lionne_en_chasse

Une lionne en chasse à Shaba. Chez les lions, ce sont les femelles qui chassent, et les mâles se raboulent uniquement quand le festin est servi. Mmmm, ça me rappelle quelqu'un, ça, tient...

z_bres_grevy

Sont trop zolis, les zèbres de Grévy. Différents, veuillez noter s'il vous plait, des zébres de Burchell (plus haut), puisque leurs rayures sont beaucoup plus fines et régulières et qu'ils ont le bidou tout blanc. (Y'a interro à la fin, je vous préviens).

Buffalo_soleil_couchant

Ca, c'était juste pour dire que j'ai pigé à un moment comment utiliser la fonction "coucher de soleil" de mon appareil. Blonde, mais pas que.

Hippo_de_Naivasha

Rhinoceros_de_Nakuru

Hippo en sous-marin, prêt à faire renverser les barques dans lesquelles on voyage sur le lac (sont peureux, ces p'tits cons). En bas, rhino en famille. C'est moche, mais comme c'est une bestiole en voix d'extinction, on s'exclame tous bien fort Oohhhhhh ! (merci).

Enfin, clou du spectacle et du voyage : nous partons pour la réserve de Masaï Mara, à l’ouest, réserve la plus réputée du pays, pour la beauté de ses paysages variés et la richesse de sa faune.

Elephants_MM

Vous prendrez quelle taille ? S, M, L ou XL ? On a tout en rayon, profitez-en.

Lionne_apr_s_chasse_MMLions_MMGu_pard_MM

La lionne pionce. Les lions pioncent. Le guépard pionce. Non mais ho. Remboursez, là !

Elephant_coucher_de_soleilJour_de_pluie

Tentatives de photos artistiques (que j'en entende un seul ricanner, et ça va très mal se passer).


Je vous passe rapidement sur la visite du village Masaï, un peu trop formatée touriste à mon goût (mais autrement, jamais on n'aurait pu voir à quoi ressemblait des cases faites en bouse de vache, donc bon...), le passage de la ligne de l'Equateur et le fameux test du sens d'écoulement de l'eau (dingue comme les choses changent à deux mètres de distance, entre l'hémisphère nord et le sud), la visite de la ferme de Karen Blixen, qui a moultement inspiré le fameux Out of Africa, le traditionnel resto Carnivore à Nairobi où l'on s'empiffre de viande d'autruche, de crocodile et de buffle.

Et je vous laisse juste imaginer les quelques jours de farniente à Mombasa, face à l'Océan Indien, doigts de pieds en éventail, jus de fruits de la passion siropté à la paille, à me repasser en boucle dans la tête le film des huit jours merveilleux que je venais de vivre. Epuisant. Tout simplement é-pui-sant. ... Encore !

plage

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1 avril 2008

Zouk machine

Vue_de_la_chambre"Au baaaal, au bal masqué, ohé ohééé… au bal, au bal, au bal, au bal masqué…". Ah ben y’a pas à dire, ça reste sacrément dans la tête, ces musiques-là.
Comme je suis une fille à l’humour débordant, j’ai failli vous poster un message avec « bons baisers de Fort-de-France » en fond sonore, mais vu que j’étais plutôt en Guadeloupe, donc vers Pointe-à Pitre, je me suis dit qu'il n'y avait plus aucun rapport, que ma super blague tombait à l'eau, et vous connaissant, vous auriez été capables de chipoter pour ce genre de menu détail. Si, si, j'en suis sûre.

Oui, me voilà donc revenue de mes vacances aux Antilles. C’était bien. C’était beau. C’était chaud. C’était fruit-passionné et poisson fraîchement pêché. C’était jus de goyavisé et punch-isé. C’était cocotiétisé et enzouké. C’était enplagé et coup-de-soleillé. C’était trop court.

(et oui, j’aime inventer des mots).

Comment ? "Des photos", dites-vous ? Heu, alors oui, mais en fait non. J’ai comme qui dirait perdu à jamais mon appareil photo dans les limbes de la mer des Caraïbes en le faisant tomber depuis le bateau. Il fallait le faire, je l’ai fait, sous vos applaudissements. Paix à son âme. On se contentera donc de la photo qui illustre ce post, prise de mon portable, et qui correspond à la vue que j’avais le matin en ouvrant les rideaux de la chambre. Pas dégueu, quand même, hein ?

Ah oui, vous avez noté, vous aussi : le ciel n’est pas bleu azur comme sur les cartes postales. C’est un peu tout mon drame, en fait. Il n’a pas fait si beau que ça. Enfin… « beau »… on se comprend. Disons que les quatre ou cinq cumulo-nimbus gris clairs voilant le soleil nous permettaient de vérifier que oui, là, effectivement, y’avait coup de soleil en vue. Finalement, c’était juste pour rendre service, les nuages.
Y’a quand même deux jours où j’ai du tirer une tronche de six pieds de long, rapport à une tempête bien installée sur l’île déversant des trombes d’eau par intermittence, et interdisant toute activité nautique, même la baignade. Sans déconner, quoi ? Tu crois que j’ai fait 8000 bornes juste pour compter les noix de coco sur les palmiers, toi ?

Alors bon, dans ces cas-là, on passe le temps comme on peut. On exhume les vieux jeux de société qui traînent derrière le bar de l’hôtel. Grâce au petit verre de rhum associé pour se remonter le moral, on enchaîne ‘Trivial-Pour-Cuite’, puis ‘Mono-vomi’. A 15h à peine, tout le monde pionce ivre mort en attendant la fin de l’averse. C’est le bonheur complet.

Sinon, on m’avait parlé des zouks endiablés, mais sérieusement, c’est un truc qu’il faut voir en live pour se rendre bien compte de la chose. Les antillais mettent tant de ferveur à danser collé-serré, et dégagent tellement de ‘bam-chica-ba-wouam’ à se vautrer l’un sur l’autre qu’on pourrait s’imaginer les voir copuler en direct sur la piste l’instant d’après. Mais en fait, non. Dès que la musique s’arrête, c’est « merci pour la danse Jeanine, on se voit demain au marché, embrasse ta mère pour moi, bonne soirée ». Hallucinant.

Douze jours, c’est vite passé.

Et me voilà de nouveau à Paris. Avec le décalage horaire. Et le changement à l’heure d’été. Et la pluie. Et le gris.

J’vais pleurer.

Ou non, tiens. J’vais aller m’acheter le best off de la Compagnie Créole, histoire de replonger dans l’ambiance des îles. Et c’est mes voisins qui vont pleurer.

20 août 2007

Retour à Cold City

retour_6Hé ben voilà, je crois qu’on y est, là, hein. Rentrée des classes, nouveau cartable, achat de cahier-grand-format-petits-carreaux-à-spirale et tout le bataclan. Et température hivernale en cadeau bonux.

Ô joie…

Bon, qu’on ne se méprenne pas, les gars. Je suis très contente de vous retrouver, mais franchement, je serais bien restée un poil plus longtemps sur ma plage crétoise à regarder mes marques de bronzage s’intensifier.
« Ah oui, c’était comment, la Crète, alors ? » me demandez-vous ? Rhhhaaaaa, c’était topissimo. Mer turquoise, collines d’oliviers à perte de vue, figuiers généreux, soleil de plomb, et huile d’olive fruitée à tous les repas. Un concentré de bonheur.

Seul bémol : l’overdose de sirtaki en ambiance sonore. Les découvertes musicales locales, c’est comme la gastronomie du coin, ça se découvre avec bonne humeur les premiers jours, mais y’a un moment où on arrive à saturation. Et l’impression étrange de vivre en permanence dans une pub géante pour la fêta Salakis, ça va bien deux secondes, à vrai dire.

Sinon, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai absolument tenu à m’essayer à la planche à voile durant ces vacances. Ouais, c’est bon, vous pouvez rigoler, y’a de quoi. Avec mon sens de l’équilibre plutôt conceptuel et mes petits biceps de poule anémique, c’était pas gagné dès le départ. ... Et à l’arrivée non plus, faut bien dire ce qui est.
Vous avez déjà essayé de faire joujou avec une voile par grand vent. Moi non. Ce n’est qu’après m’être mangé quatre ou cinq fois le truc dans les dents et avoir manqué de m’envoler que j’ai pigé comment positionner la voile et me déplacer avec sur la plage. Démarche très élégante dite du ‘crabe tonkinois’. Le must pour faire ressortir tout son sex-appeal, j’vous dis pas.
Sur l’eau, pas mieux. J’ai très clairement passé plus de temps aplatie comme un fax sur ma planche que debout, vaillante face au vent. Le Nikos local qui m’a servi de moniteur était au bord du gouffre, devant tant de témérité. Je crois qu’il a filé sa dem’ à la fin de la semaine.

Mais faut pas croire, j’ai rapporté un paquet de souvenirs : une superbe collection de bleus et écorchures en tous genre, qui me défigurent les jambes sur toute la longueur, et des ampoules plein les paluches. Non, vraiment, y’a pas à dire, c’est un sport trop glamour, la planche à voile. La prochaine fois, je m’initierai au croquet, ce sera moins dangereux.

Du coup, je n’ai plus aucun intérêt à faire la crâneuse parisienne toute dorée et reposée, avec mon bronzage tacheté de cicatrices. En même temps, avec ce temps merdique digne d’un mois de novembre, je me voyais assez mal arborer le look cagole en mini-jupe et débardeur à bretelles dès la descente de l’avion. Remarquez, si le soleil avait été au rendez-vous (genre au hasard, si on avait été en août), ben j’aurais juste eu l’air d’une cagole qui serait passée dans une moissonneuse-batteuse. Sexxxxxyyyyyy…

Non, en fait, c’est mieux qu’il fasse un temps pourri. Vraiment.

19 mars 2007

Destination anywhere

d_part_2« Embarquement immédiat pour tous les passagers du vol F-458 à destination de Shanghai, hall 8, porte C ». Pour moi, le dépaysement de vacances passées à l’étranger commence ici, à l’aéroport. Ce lieu froid, gigantesque et impersonnel, où tout le monde court dans tous les sens, où toutes les nationalités se croisent, révèle pourtant une belle dose d’exotisme et de choc des cultures. Les écrans de contrôle affichent inlassablement les destinations desservies, les équipages trottinent dans les couloirs en arborant fièrement les couleurs de leur compagnie aérienne, et les voyageurs s’observent du coin de l’oeil, pour passer le temps entre les différentes formalités douanières.

Il est d’ailleurs fascinant de constater que certaines valeurs restent sûres et immuables. Le Japonais, par exemple, se balade exclusivement par paquet de 25, avec appareil photo en bandoulière et casquette/bob/chapeau ridicule en série. Je confirme également une ancienne légende urbaine : il aime mitrailler tout ce qui bouge (oh, un pote devant le comptoir d’enregistrement des bagages ; oh, un pote qui s’achète un Fanta orange à la buvette de Roissy ; oh, un pote assis près du hublot ; oh, un pote qui fait semblant de dormir près du hublot…). Les Allemands, eux, seront reconnaissables en un coup d’œil grâce à leur impérissable don esthétique du duo tongues + chaussettes, chaussettes qui, dois-je le rappeler, remontent le plus haut possible sur la jambe.

Cela dit, au même titre qu’on est toujours le con de quelqu’un, je présume également que chacun de nous est le touriste d’un autre. Je connais un sacré paquet de coréens ou de thaïlandais qui ont du se marrer comme des baleines devant nos accoutrements de fiers représentants de la classe « à la française ». Et y’a de quoi faire aussi, faut pas croire !
Remarquez, y’en a à qui ça doit plaire. Je ne devrais pas faire la fière comme ça, mais au Maroc, on a tout de même proposé à mon copain de l’époque 250 chameaux pour qu'il m’abandonne sur place. C’est pas rien, quand même. Faudra juste que je pense à checker la côte du chameau au CAC 40, mais globalement, j'étais pas tellement flattée, comme ils avaient tous l'air de le croire...

Les voyages, c’est aussi souvent synonyme de visites guidées. Avec leur lot d’explications historiques, d’anecdotes décalées, et leur cortège de touristes plus ou moins captivés par les grands discours des guides.
Là, c’est comme à l’école. Au premier rang, il y a celui qui prend des notes (si possible sur un carnet ridiculement minuscule qu’il ne relira jamais), pour faire genre « c’est moi le meilleur de la classe ». Bien mignon, tout ça, mais faudra lui dire, quand même, qu’à la limite, recopier son Guide du Routard, c’était aussi vite fait. Et qu’à force d’avoir le nez plongé sur son cahier, il loupe les trois quarts de la vraie visite, celle qui se vit avec le cœur et les tripes, pas celle qui se lit dans les bouquins.
Il y a aussi celui qui s’obstine à poser mille et une questions au guide, soit histoire de voir si celui-ci a réponse a tout et a donc bien fait son job (un peu dans le genre « je l’aurai, un jour, je l’aurai », de la pub crétine pour la Maaf), soit juste comme ça, parce qu’il s’emmerde grave. Ex : « Comment ça s’appelle, cet oiseau ? ». « Heu… un corbeau. Vous avez les mêmes chez vous, en France. Mais si tu veux, je peux te dire le nom couleur locale, ça te fera des trucs à raconter… ».

On appréciera aussi particulièrement l’air dubitatif d’un grand sceptique à qui on ne la fait pas, ressortant du temple mythique de Louxor en marmonnant très sérieusement à son pote : «  mouais… ça me parait un peu trop propre pour un truc vieux de cinq mille ans, ici ». Je crois que ça se passe de commentaires, à ce stade, non ?

Dans un tout autre genre, il y a aussi ceux qui choisissent de participer aux visites guidées, qui assistent aux visites guidées, qui payent les visites guidées, mais qui perdraient moins de temps à aller direct jouer au bar PMU du coin, pour peu qu’il y en ait un. Parce que quand un guide s’emmerde à nous raconter en long et en large la vie de Toutankhamon et de ses voisins de sarcophages, ces ahuris ne trouvent rien de mieux à répliquer que « si, si, j’ai vu qu’on pouvait avoir du Campari à l’apéro, c’est cool, j’adore ! ». Tsssss, franchement, ceux-là, z’auraient mieux fait de rester à l’hôtel sur le bord de leur piscine.

Encore que. Là non plus, c’est pas toujours de tout repos, croyez-moi. Essayez donc de roupiller tranquille avec en fond musical la voix-mitraillette de la parfaite mère de famille toujours sur le qui-vive : « Chloé, tu prends ta bouée », « Chloé, viens ici que je te mette de la crème solaire », « Chloé, arrête d’éclabousser les gens », « Chloé, maintenant ça suffit, tu sors de cette piscine », « Chloé, parles moins fort s’il te plait, tu ennuies tout le monde » (le comble, celle-là). Au final, Super-Maman a la parfaite impression d’avoir joué à fond son rôle de mère modèle (mais absolument pas celle de nous avoir cassé les noix), et a réussi à dégoûter tout le monde du prénom de sa fille.

Alors en fin de compte, les vacances, c’est le pied. J’aime, j’adore, je kiffe à donf’, même. Je pourrais vendre père et mère pour ça (presque). Mais y’a toujours une part infime de moi, bien enfouie, tout au fond, là, qui fait qu’à la fin, je suis quand même un peu contente de rentrer… Etrange, tout de même, non ?

31 août 2006

Vacances, j'oublie tout (part II)

copenhague_2Pour me remettre de mes aventures sportives, rien de tel qu’une petite virée un peu plus culturelle dans des contrées jusque là totalement étrangères à mes yeux. J’ai ainsi opté pour un week-end prolongé à Copenhague, attirée par le charme nordique et l’art de vivre réputé sain et écolo des scandinaves.

Bon. Bah en trois mots, je suis rentrée perplexe. Non, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Mais voila quoi… Déjà, les Danois ont choisi une langue toute bizarre, pleine de O barrés comme ça : Ø, et de mots long comme un jour sans pain, avec autant de consonnes dedans que de pigeons sales à Paris. Pas fastoche à prononcer, même pour rire. D’ailleurs, ça me ferait bien marrer de jeter un œil sur un jeu de scrabble danois, pour voir. J’imagine déjà la scène : « Oh Inge, vous réalisez SKØZLNIERDTKSTADEN, mot compte triple, 412 points, bravo ! ».
Ensuite, c’est un pays où faut vraiment aimer le poisson, y’a pas à dire. Parce que les filets de hareng fumé au petit déj’, j’ai eu beau faire des efforts, rien à faire, ça voulait pas passer. « Y’a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark » lisait-on dans Hamlet. A mon avis, je pense que c’est la bouffe, faut pas chercher plus loin. Je m’attendais aussi à trouver des trucs vachement plus exotiques, genre de la viande de caribou séchée au soleil de minuit, rapport au fait que la nuit tombe super tard en été. Même pas : des Mc Do et des Burger King à tous les coins de rues, mais point de caribou en vue. Déçue, pffff…

Question culture, j’ai pas eu de veine. Je voulais absolument voir la collection de peinture française du Ny Carlsberg Glyptotek (des Gauguin, des Monet, des Renoir et des Toulouse-Lautrec). Mais quelqu’un de bien inspiré s’est dit que le mois d’août, autrement dit la période la plus touristique, était sans doute le meilleur moment pour rénover l’aile des peintres et en interdire l’accès au public. Un peu comme si Paris mettait les Champs Elysées en travaux à Noël, en somme…
sir_neJe me suis rattrapée sur une visite obligée à la petite sirène, symbole de Copenhague, statue issue du conte d’Andersen située à l’entrée du vieux port. Selon la légende, la demoiselle doit attendre durant trois cents ans son prince charmant avant de pouvoir devenir femme à son tour et pouvoir s’unir à lui. Evidemment, personne n’a jugé bon de l’avertir, cette gourdasse, que les princes n’existent pas, et qu’elle a bien tort de poireauter comme ça sur son rocher à se cailler les miches. Pensez-vous, tant que c’est bon pour le tourisme et que ça rapporte des tunes, on laisse faire. Bravo les autorités danoises, hein ! Qu’on ne vienne plus me parler du féminisme à la scandinave, parce que ça me fera hurler de rire. M’enfin bref…

copen_port_3Sinon, Copenhague en elle-même, bof. La ville fonctionne sur le mode binaire. Dans toute ville, il y a des endroits jolis et d’autres un peu plus moches, c’est un fait. Mais à Copenhague, on peut passer en un coin de rue d’un quartier mignon comme tout (ex : le nouveau port, sur la photo, avec les façades multicolores) à des avenues immenses et archi laides qui m’ont fait penser à la Russie des années d’après-guerre, ou du moins ce que j’en imagine. (Non pas que j’aie quelque chose contre la Russie, mais si je n’ai précisément pas choisi de partir à Saint-Pétersbourg cet été, c’est pas pour des prunes). Cela dit, je m’incline, quand on aime la couleur dans l’architecture, on est servi. Les Danois ont du récupérer les fins de stocks de chez Bricorama pour repeindre leurs façades, et y’avait jamais deux pots de la même couleur. Au final, ça donne un joli patchwork jaune rose bleu mauve assez seyant. Ca me plait.

Les Danois me plaisent aussi, c’est un fait. Plutôt beaux gosses, les bougres. Le souci majeur, c’est que les Danoises aussi. Toutes grandes, minces, au teint irréprochable et aux pommettes haut perché. Y’a pas à dire, la concurrence est déloyale. En même temps, à force de se déplacer en vélo, de faire du Pilate, du sauna, et manger du tofu par paquet de douze, faut bien que ça paye à un moment où un autre. Chacun son truc.
Là où j’ai été franchement déçue, en revanche, c'est au niveau du sens de l'accueil. De façon globale, les commerçants, restaurateurs, et autres gens en contact avec les touristes sont d'un niveau de courtoisie proche du zéro pointé. Alors ok, à Paris, les parisiens sont mal embouchés et ne font aucun effort pour les touristes aussi, je vous l'accorde. Mais à la limite, on pourrait dire que c'est de notoriété publique. Alors que les Danois, on ne le sait pas assez, mais en règle générale, ils sont pas vraiment funky-funky ! Bon, en même temps, on pouvait s'attendre à quoi de la part de ceux qui sont les premiers à avoir voté non au référendum sur l'Europe, hein ? Vont pas commencer à nous accueillir les bras ouverts sitôt le dossier "classé", ça ferait louche.

Enfin bref... Ce petit trip, c'était sympa, et je suis sincèrement contente de l'avoir fait, mais je dois dire que je m'attendais à autre chose... Copenhague, c'est bien, en abuser, ça craint ! (Et ceci reste, bien entendu, un avis strictement personnel, que personne ne s'offusque...)

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29 août 2006

Vacances, j'oublie tout (part I)

(Mieux vaut tard que jamais, je sais…)
tongs_4Cette année, faute de copains ayant les mêmes dates de congés de moi, et parce qu’il était hors de question que je glande durant tout l’été à Paname, j’ai décidé de sauter le pas, et de partir pour la première fois en vacances toute seule, comme une grande. Enfin, toute seule… c’est juste une façon de parler, puisque j’ai opté pour une formule UCPA, et que je me suis retrouvée avec pas moins de 80 autres personnes, dans un charmant petit hôtel au sud de la Turquie, à trois heures de route de Bodrum.
Pas très chaude au départ pour l’UCPA, j’en avais une idée assez ringarde et très surfaite d’acharnés de sport ou de sans-amis. Je révise un peu mes positions, c’est finalement assez sympa de retrouver des gens de son âge (bien qu’il y ait toujours des électrons libres dont on se demande comment ils ont pu atterrir ici) dans une ambiance conviviale détendue, et de surtout ne pas avoir à se prendre la tête sur les contraintes matérielles. Parfois, ça fait du bien de se conduire en bon petit mouton de Panurge et de suivre le troupeau, de ne pas réfléchir à ce qu’on mange, où et à quelle heure, à ce qu’on va faire pour occuper ses journées ou ses soirées. Sans aller jusqu’à suivre la règle du « maintenant, on rigole ! », comme s’il suffisait d’appuyer sur un bouton de télécommande, j’ai néanmoins trouvé assez plaisant le fait de se laisser porter le temps d’une grosse semaine, et de revenir en mode « colo de vacances » pour adultes.

A l’inverse de certains habitués qui partent plusieurs fois par an avec l’UCPA (l’ucèp, pour les intimes), j’ai eu le plaisir de découvrir les deux gros mythes qui ont fait la réputation de ce genre de club de vacances :
1- les activités sportives : m’y étant prise un peu au dernier moment pour l’inscription, j’ai opté par défaut pour le stage « VTT / Kayak ». Bon… à la base, j’étais contente, je me disais que ça allait me donner l’occasion de travailler un peu les bras, un peu les jambes, que j’allais rentrer à la fois bronzée ET musclée, donc canon, et que le VTT étant un truc de mec, y’avait des chances que y’ait un paquet de garçons dans mon groupe, donc peut-être dans le lot un potentiel prince charmant de vacances. Ca, c’était à la base.
VTT_1Une fois sur place… heu… comment dire ? Déjà faut-il que je précise une chose : le sport et moi, en temps normal, ça fait douze. Dans ce domaine, je suis croyante, mais pas pratiquante. Et ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer d’avis. Qu’on ne me parle plus jamais de VTT, c’est clair ? Parce que les trois heures de rando sous le cagnard de midi, sur les chemins caillouteux et poussiéreux, je ne les souhaite à personne. Même pas eu le temps d’admirer le paysage tellement j’étais concentrée sur mes vitesses à passer et sur les bosses et les pierres à éviter. Quant à ces messieurs les supposés gentlemen, ils sont partis le feu au cul vitesse grand V, trop ravis de pouvoir rouler des mécaniques. Non, les gars, on avait dit « intensité sportive modérée » là, ça va pas du tout, ça !
J’ai fini la journée avec un mal aux fesses, je vous explique même pas… Pour la peine, j’ai boycotté la seconde grande rando VTT au profit d’une excursion en bateau dans les criques des alentours. Alors j’ai peut-être du me lever deux heures plus tôt que tout le monde, mais roupiller sur le pont avant du rafiot en écoutant le bruit des vagues, comme dit la pub, « ça n’a pas de prix »…

kayak_1Je pensais me rattraper sur le kayak. C’est vrai, le kayak, c’est peinard, suffit de pagayer un coup à droite, un coup à gauche, et on avance tranquillou. Hin hin hin… (expression laconique de mon désarroi le plus profond). Ce qu’on ne m’avait pas dit, c’est que le sud de la Turquie est connu pour son Meltem, vent de nord qui souffle tout l’été sur la mer Egée (ouais, même en vacances, on apprend des mots), et qui a choisi tout particulièrement la semaine de MES vacances à moi pour pousser des rafales force 7 et nous obliger à déployer des forces herculéennes rien que pour sortir de la crique où l’hôtel était placé. Ok, j’exagère un chouilla, mais autant dire que pour la petite promenade de santé que j’attendais, j’ai été servie. Rien à voir avec la gentille balade en barque au bois de Vincennes le dimanche !
J’ai fini ma semaine sportive sur les rotules, et je demande solennellement aux maquettistes des catalogues UCPA d’indiquer en gros sur leurs brochures qu’une semaine de congé est nécessaire au retour d’un séjour dans un de leur club. Autrement, c’est pas possible… 

2- le mono UCPA : Aaaaah, le mono UCPA… fidèle à tous les clichés : plutôt beau gosse, sportif dans l'âme, bronzage mono_1optimal, bonne tchatche, à l’aise en toute circonstance. Il sait s’entourer rapidement d’un harem de greluches, qu’il se met à appeler de petits surnoms ridicules pour éviter d’avoir à retenir tous les prénoms. C’est vrai, ce serait dommage, dans une semaine, une cargaison de nouvelles minettes arrive, et tout le boulot serait à recommencer. Pourquoi s’emmerder ?

Les greluches susmentionnées, quant à elles, développent, dès le deuxième jour environ, tout leur attirail de séduction dans le but d’attirer dans leurs filets l’un des monos tant convoités : panoplie de maillot échancrés, sourires Ultra-Brite, invitations à danser la salsa, suggestion de bain de minuit ou demande sur un ton faussement ingénu « et Cassiopée ? elle est où, la constellation de Cassiopée ? ».
A mon sens, tout ça mérite deux baffes, mais apparemment, la recette porte encore ses fruits. Sous nos yeux se joue un vrai feuilleton digne de Santa Barbara, en trois actes, avec crises de larmes, mensonges, trahisons, réconciliations, et tout le bordel ! Fascinant, je vous dis.

piscine_1Reste que malgré mes bleus, mes courbatures et mes regards en coin sur une gente féminine un peu pathétique et risible, j’ai passé de très bonnes vacances, j’ai quand même trouvé du temps pour glandouiller autour de la piscine, j’ai rencontré des tas de gens différents et très sympas, intéressants et cultivés. Des gens qui ne font pas de faute de français quand ils parlent. Ca fait un peu pétasse de dire ça, hein ? Je m’en fous, j’assume. Parce que moi, les « je vais au coiffeur » et autres « c’est le copain à ma sœur », ça a le don de me hérisser le poil puissance 12. C’est comme ça.

J’ai découvert aussi que partir toute seule procure une grande liberté. On peut s’inventer une toute nouvelle vie si on veut. J’aurais pu prétendre m’appeler Consuela, avoir 32 ans et être vendeuse de bonbons au poids sur les marchés du Périgord, personne n’aurait pu démêler le vrai du faux…

Malheureusement, de la Turquie, je n’ai vu que trois criques, un hammam et une station balnéaire de nuit, mais en même temps, soyons honnête, je n’y allais pas pour faire du tourisme culturel cette fois-ci, alors les fastes d’Istanbul et de sa cathédrale Sophia, ce sera pour une prochaine fois, avec joie !
Demain, si vous le voulez, vous aurez droit à mon escapade de trois jours à Copenhague, et à comment j’en viens à la conclusion que non, les danois ne sont pas des gens cordiaux et aimables.

1 mai 2006

Mes colloc’ amerloques

colloc_2

Suite au billet de Nadia à propos des affres de la collocation, je viens ici rajouter mon grain de sel en vous racontant mes déboires avec mes colloc’ américains.

Il y a environ trois ans, donc, je pars m’installer quelques mois à New-York pour y faire un stage. Ayant choisi de travailler dans une administration française, donc entourée de Français, je me dis que si je veux faire un tant soi peu de progrès "in inglich", mieux vaut que je me trouve un appart à partager avec des américains. Jusque là, très bien. La chose s’avère assez facile à réaliser, compte tenu du fait que les loyers new-yorkais coûtent au moins 3 smics, et que les collocations y sont monnaie courante pour pouvoir se permettre un appartement dans les quartiers sympas de Chelsea, East Village ou Brooklyn.
Me voilà donc fraîchement débarquée dans un beau building de l’Upper East Side, sur la 95ème rue, juste à la limite où ce quartier traditionnellement chic et bourgeois commence à se teinter de l’exotisme des communautés ethniques de "Spanish Harlem", au nord de Manhattan. J’habite l’appartement 16 C ("sixtine siii", en V.O.), au seizième étage donc, et je vais le partager avec C. une étudiante en médecine d’environ mon âge (25 ans à l’époque), et M. un avocat un peu plus âgé que moi. Un trois pièces, pour trois personnes, ça me semble bien. C’est bien sûr sans compter les boyfriend et girlfriend respectifs, qui squattent le terrain comme s’ils habitaient là à temps plein. En soi, rien de grave. Plus on est de fou, moins y’a de riz, comme disent les asiatiques. Sauf que en fait, si. L’appart n’est pas prévu pour héberger cinq personnes, et je m’en rends compte assez vite.

Déjà, le partage du frigo. Un vaste programme ! Comme je suis la dernière arrivée, on m’a assigné la partie du milieu, celle qui en somme n’est délimitée par rien, et sur laquelle tout le monde empiète sous prétexte que je suis seule à l’occuper, alors que eux sont deux, puisqu’en couple. Bonne pâte, je ne dis rien. Les considérations de ce genre me passent un peu au dessus de la tête. Mais peu à peu, il devient de plus en plus difficile de retrouver mon skimmed milk* et mes fresh vegetables* au milieu de leurs bouteilles de trois litres de soda, leur dizaine de flacons de sauces toutes plus mystérieusement colorées les unes que les autres, et leur reste de pizza à moitié mâchonnée. Parfois, c’est une partie de mon repas qui disparaît tragiquement, parce que quelqu’un l’a déplacée dans une autre zone du frigo, et que du coup, on considère qu’elle ne m’appartient plus. Fichtre… Se nourrir devient bigrement compliqué !

Autre lieu de pénitence pour moi, la salle de bain. Bouhhh ! Moi qui aime les baignoires reluisantes et les miroirs impeccables, je suis servie ! Partager la même salle d’eau à cinq et parvenir à conserver cet endroit un tantinet propre relève du parcours du combattant. Je pense même que toutes les bactéries de New-York se font des supers boums dans la cuvette de nos W.-C. Mais comme je ne suis pas non plus venue pour faire le ménage, je nettoie un chouia de temps en temps, et sinon, je ferme les yeux et je fais comme si je n’avais rien vu (moi ? non ! rien vu !)

Un soir, je me suis aperçue qu’ils ne mettaient pas de produit à laver dans le lave-vaisselle ! Ils lavent à l’eau chaude, ces ploucs ! Et ensuite, ils me regardent d’un air entendu en me disant "il faut bien rincer la vaisselle avant parce que le lave-vaisselle ne fonctionne plus très bien". Tu m’étonnes, tiens ! Je me suis bien gardée de leur dire quoi que ce soit, d’une part parce que je voulais pas faire ma prétentieuse qui sait tout (déjà que les Frenchies n’étaient pas les mieux vus, en ces temps de Guerre du Golf II et d’opposition Chirac-Bush), et d’autre part parce que je trouvais quand même ça franchement marrant de les voir rincer consciencieusement toute leur vaisselle avant de la faire laver.

Une autre fois, C. a invité une copine à elle. Je les entendais glousser dans sa chambre comme deux gamines. Et le soir, je me suis aperçue que le chien avait du vernis rose fushia sur les griffes. Fallait voir la touche qu’il avait, comme ça, le clébard ! M’enfin il avait l’air ravi, alors (et puis c’est  assorti à son petit manteau de pluie comme ça. Aaahh, la vie est bien faite, j’vous jure !).

Je vous passe évidemment tous les détails sur les réveils en fanfare à 8h le dimanche, parce qu’il y a cours d’aérobic sur une des chaînes du câble, et que c’est Suzanne Sommers en personne qui présente l’émission. Vous ne savez pas qui c’est ? Moi non plus, jusqu’à ce que je vois sa trombine et qu’elle me dise vaguement quelque chose. Elle a joué dans une série familiale sur M6 ("Une famille formidable", ou un truc dans le même goût). Ou bien les soirées squattage de télé dans le salon, avec moult pop-corn et cochonneries sucrées, pour ne pas louper ZE émission du moment, "Mister Personnality", une espèce de Bachelor à l’envers, où une nana doit choisir son futur mari parmi des candidats masqués dont elle ne voit jamais le visage, même lorsqu’ils s’embrassent. Le type que la Bachelorette aura choisi "pour sa personnalité et sa beauté d’âme" enlèvera son masque seulement devant l’autel le jour du mariage. C’est pas beau, ça ? Et attention… touche finale… pompon… cerise sur le gâteau… cadeau Bonux… c’est présenté par … Monica Lewinsky ! Mais jusqu’où iront-ils ?

Enfin bref, vous l’aurez compris, pour ce qui est de l’imitation Friends, on repassera, merci bien ! Surtout à la fin du mois, quand arrivent les factures, et qu’on doit les partager en trois, puisqu’il n’y a que trois noms sur le bail, alors qu’on est bel et bien cinq à utiliser l’eau, l’électricité, le câble et le téléphone.

J’ai vécu avec ces quatre roomates tant bien que mal pendant six mois, j’ai pesté contre eux, observé d’un oeil critique leur mode de vie (ce qui, d’un point de vue sociologique, a été absolument fascinant !), dégluti devant ce qu’ils avalaient pour le dîner, fouiné sournoisement dans leur armoire de toilette (bah quoi ?), je les ai entendu s’engueuler, chanter sous la douche ou faire l’amour… J’ai aussi ri à leurs blagues ou à leur tentative de prononciation du français, j’ai goûté les cocktails étranges mais délicieux qu’ils préparaient pour les soirées, je les ai accompagnés parfois au restaurant ou au cinéma, pour voir…

Et le jour de mon départ, j’ai été surprise mais émue de les voir tous me prendre chaleureusement dans leurs bras et de me dire combien ils avaient été content de partager momentanément la vie d’une petite française.
Cette expérience de la vie en collocation m’a fait réfléchir, et si je sais aujourd’hui que je préfère habiter seule, je sais aussi qu’on apprend beaucoup sur soi-même en vivant avec les autres, quels qu’ils soient. Rien que pour ça, merci à mes colloc’ amerloques !

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