L'autre jour, j'étais tranquille j'étais peinarde, en train de surfer sur le oueb (bonjour l'expression ringarde) quand j'ai reçu ce message qui me disait en substance : "Hey Ginfizzette, je publie mon premier roman policier dans les jours qui viennent, ça te dit de le lire en avant prem's et de me dire ce que tu en penses ?".
J'ai évidemment sauté sur l'occasion, parce que :
1. Quand un copain vous demande un service aussi simple que ça, on ne peut décemment pas refuser,
(1 bis. Même si le copain en question vous contacte plus pour votre mega influence sur le web, plutôt que pour prendre de vos nouvelles),
2. Je partais en vacances peu de temps après et n'avais rien de précis à lire dans l'avion,
(2 bis. Et quand même douze heures de vol avec escale),
3. Quand il s'agit de critiquer le travail des autres, vous me connaissez, je suis toujours là,
(3 bis. Et en plus, j'avais carte blanche, puisque le copain en question m'a dit "balance, dis moi ce que tu en penses honnêtement").
Du coup, j'ai enfourné son petit fascicule couleur jaune poussin dans ma valise (faudra qu'on cause de cette couverture assez hideuse, d'ailleurs), et roulez roulez petits bolides.
Et j'ai lu. D'abord en traînant des pieds (ou des pages), parce que j'ai toujours un mal de chien à rentrer dans un nouveau bouquin.
Et j'ai commencé à me prendre au jeu.
Et j'ai dévoré le tout en trois jours à peine (mais y'a triche, monsieur l'arbitre, j'avais beaucoup de temps libre, alors ça compte qu'à moitié).
Le pitch, en gros, c'est facile : Fitz, oiseau des nuits branchées parisiennes, se trouve embarqué malgré lui dans une chasse au serial killer s'attaquant aux jeunes filles rencontrées en boîtes de nuit. Avec un flegme attachant et un flair très relatif, le jeune homme va suivre la piste du meurtrier, quitte à y laisser quelques plumes...
(Bon, c'est là que je me dis que décrire un roman en trois lignes, c'est tout un métier. J'aurais mieux fait de recopier la quatrième de couv').
Après avoir dit ça, je suis supposée vous donner mon avis. C'est là que les choses se corsent. Parce que ce n'est jamais très facile de parler du travail de quelqu'un qu'on connait. Certains pourraient penser qu'on a tendance à être plus bienveillant, justement parce qu'on connait l'autre. Personnellement, je me suis trouvée très dure dans mes pensées, en lisant ce roman. Avec la critique facile, le reproche à la volée, et le jugement parfois très tranché. "Ah, j'aurais pas choisi ce mot là. Tiens, c'est vraiment mal dit, cette phrase. Pfff, cette expression qui revient toutes les trois pages, c'est agaçant !"
La jalousie peut-être ? Ou simplement l'envie d'avoir, comme Olivier, réussi à écrire Son roman, et à le faire publier, qui plus est. Ouais, sans doute. Une pincée de jalousie... (allez, va, on va dire ça, ça lui fera plaisir).
Et puis passé ce premier regard mesquin, je me suis plongée dans l'intrigue, j'ai retrouvé avec un sourire quelques touches autobiographiques, et des expressions que j'ai effectivement entendues mille fois dans sa bouche. Le style est plaisant, les références amusantes. Et les 375 pages sont passées toutes seules !
Honnêtement, l'intrigue n'est pas bien folichonne (Paris, des filles, de la vodka, un serial killer) mais ce n'est pas pour elle qu'on aimera le livre. Mais pour ses personnages attachants (certains plus que d'autres), quelques dialogues de haute voltige, et un dénouement qui, ma foi, m'a quand même surprise, malgré un scénario cousu de fil blanc. Ca, plus un titre franchement accrocheur.
La presse féminine ne s'y est pas trompée (je ne sais pas si c'est vraiment un argument vendeur). Biba, Cosmo, Elle et compagnie ont déjà reconnu ce polar comme un très bon "chick thriller", et les critiques élogieuses pleuvent sur "Les Talons Hauts...". Ce roman a été couronné (ça se dit ?) du prix du premier Roman au festival de Beaune, et est "Coup de coeur" des vendeurs de la Fnac. Rien que ça.
En attendant de lire la suite, déjà en préparation (oui, madame), je vais archiver précieusement mon exemplaire dédicacé. Si ça se trouve, je connais le nouveau Guillaume Musso ? (Sauf qu'il y en a un des deux qui se foule légèrement plus pour sa recherche de titres).
Les Talons hauts rapprochent les filles du ciel, Olivier Gay
Editions du Masque. 6,60 € (pas cher mon fils)