Victime de la mode, tel est mon nom de code
Depuis quelques semaines, il se passe des trucs étranges dans ma penderie. Des fringues vont et viennent, apparaissent, puis disparaissent, pour réapparaitre à nouveau quelques jours plus tard. Dans un autre coloris, ou une autre taille, la plupart du temps. Certaines autres font une apparition fulgurante, juste le temps de dire bonjour aux copines, et pfuiiiittt, s'en vont pour ne jamais plus revenir. "Esprit (de la mode), es-tu là ? " demanderont certains. Car qui donc s'amuserait de la sorte à faire la bamboula au beau milieu des cintres et des boîtes à chaussures, hein ?
Oui, alors, ne vous tracassez pas trop longtemps à chercher des explications irrationnelles, va. Il se passe tout simplement que je suis encore barrée dans l'une de mes périodes bi-annuelles de boulimie fringuesque doublée d'un sens critique aigu affuté sitôt rentrée à la maison.
En gros, pour vous la faire courte, je parcours les magasins et le Net à la recherche de trucs in-dis-pen-sables (il va de soi). J'achète parfois (ok, souvent) sans essayer, par manque de temps, manque d'envie-là-tout-de-suite, manque du-bon-collant-pour-juger-cette-robe, manque du bon-degré-d'épilation-pour-oser-sortir-de-la-cabine.
Une fois chez moi, pas forcément le soir même, parfois deux, trois, huiiiiiiiit jours après mon shopping, je me lance dans mes essayages. Neuf fois sur dix, vous pouvez parier que la jolie silhouette que j'avais imaginée dans la boutique avec ce nouveau truc que j'étais en train de m'acheter, hé ben makache ! Systématiquement un aspect qui cloche, et fout en l'air mon tableau de la parfaite modeuse qui connait sa morphologie et sa penderie sur le bout des doigts.
Soit ça baille tellement à la taille qu'on y voit jusqu'à la marque de ma culotte, soit c'est tellement serré sur les cuisses qu'on me rebaptise Boudina, soit la couleur n'est pas si "rouge coquelicot" que ça en avait l'air dans le magasin (mmm, tu m'étonnes, en même temps, sous les néons Zaraesques...).
Nous en arrivons ainsi au déroulé suivant, qui suit peu ou prou toujours les mêmes étapes dans le même ordre :
- "Et si j'échangeais pour la taille au dessus, pour un effet loose ?"
- "Je pourrais aussi le prendre en beige, pour aller avec les derbys noirs que je n'ai pas encore mais que je vais me trouver juste après ?"
- Donc repliage de la fringue, enfournage dans le sac de la boutique, accompagnée du ticket de caisse.
- Nouvelle vadrouille en boutique pour échange standard.
- "Ah non, désolés, mademoiselle, ce modèle est sold-out, vous ne le trouverez plus".
- Crise d'hystérie intérieure. Roulage par terre mental.
- Foncage ventre à terre dans deux ou trois autres boutiques de l'enseigne, la boule au ventre et la sueur aux aisselles.
- "Yes, je le tiens !" (cheveux hirsutes et mine rougeaude)
- Retour maison, épuisée mais heureuse (enfin, il me semble)
- Nouvel essayage de la fringue quelques jours plus tard.
- "Moui... finalement, c'était pas si mal en gris foncé, j'aurais pas du le rendre".
- "Et en plus, en cette taille, il me fait un cul de génisse".
... Je suis tarée, putain. Je suis tarée, en fait. C'est ça, hein ? Je suis folle. Mon psy-que-je-n'ai-pas aurait sans doute pas mal de choses à dire sur ce petit travers qui me caractérise (mon Chéri aussi, d'ailleurs), mais je crois qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer, et que se l'avouer à soi-même, c'est déjà faire preuve d'(un peu de) prise de conscience. Non ?
PS : Je vous rassure, mon compte en banque se porte bien aussi. Il voit passer pas mal d'opérations bancaires, un coup négatives, un coup positives, car au final, je finis souvent par être raisonnable et rendre en boutique les craquages qui auraient causé ma ruine autrement.