Si vous faites partie de la catégorie de personnes qui n’achètent jamais de sachets de bonbons, de paquets de biscuits, de biscottes ou de céréales, de briques de lait ou de jus de fruit, de CD ou cassettes vidéo vierges, passez votre chemin, cette chronique ne vous concerne pas.
Si en revanche, vous faites partie des 100% de consommateurs vivant sur la planète Terre, j’ai comme qui dirait le sentiment que vous avez déjà compris où je voulais en venir, rien qu’en lisant le titre de cet article. Me trompe-je ?
"Ouverture facile". L’expression est séduisante, on aurait tort de le nier. Reste à savoir si c’est totalement justifié d’écrire ces mots sur un emballage. Or, dans un souci permanent de rétablir l’ordre et la vérité en ce bas monde, j’ai moi-même vérifié, justement. Et il s’avère que la réponse à cette question cruciale est : non, mille fois non !
Vous serez d’accord avec moi pour reconnaître que ces termes sont à la limite de la publicité mensongère. A la rigueur, on aurait inscrit "ouverture qui se déchire dans tous les sens sauf celui où ça devrait logiquement s’ouvrir", je rechignerais moins. Encore que… parfois, on s’escrime à tenter de déchirer le bidule, mais sans paire de ciseaux, y’a rien à faire. Quand ça veut pas, ça veut pas ! Alors "ouverture facile" mon œil ! On ne me la fait pas à moi, les petits gars !
Malheureusement, ça, on ne le comprend souvent qu’après avoir mené une lutte sans merci avec les satanés emballages susmentionnés. Prenons l’exemple de la cassette vidéo vierge, qui sera parlant pour tout le monde (ceux qui ont définitivement bouté les magnétoscopes hors de leur foyer, leur préférant les DVD, feront appel à leurs souvenirs avec nostalgie).
Il est 20h48. Je viens de remarquer que Arte diffuse en exclusivité un reportage au sujet de la culture des escargots de Bourgogne sur sable sec. Vite, me dis-je, une cassette pour enregistrer ce fleuron de la documentation animalière. Mais après m’être esquinté trois quenottes et bousillé huit ongles sur le plastique qui protège la cassette, je finis par capituler, hirsute et en nage. Tant pis pour les escargots, de toute façon, le documentaire a commencé depuis vingt minutes. Ah, la dure loi de l’emballage cellophane…
Pourtant, un truc m’échappe. Y’a bien un type qui a inventé le petit fil qu’on tire et qui déchire ce fichu plastique sur toute la longueur du CD, si je ne m’abuse ? Je sais pas trop comment il a négocié son contrat d’inventeur, mais il a dû se faire sacrément avoir, parce que son truc magique, on ne le trouve nulle part, à l’exception des CD et des paquets de cigarettes. Et moi, je ne fume pas.
Là où je tire mon chapeau, en revanche, c’est pour les inventeurs de l’emballage de La Vache qui Rit. Vous savez, le fil rouge qu’on tire et qui découpe l’aluminium entourant le fromage pour qu’on puisse le manger avec un tant soi peu d’élégance, sans s’en mettre plein les doigts. Ca, c’est vachement ingénieux, si vous me passez le jeu de mots plutôt simplet. Preuve que les ouvertures faciles, ça existe, il suffit de s’agiter un peu les neurones.
Franchement, ce serait sympa, messieurs les inventeurs plus ou moins inventifs, de réfléchir à un système équivalent pour ouvrir les briques de lait, par exemple. Parce que dans ce domaine aussi, y’a matière à s’énerver.
Petite subtilité linguistique : à la place de "ouverture facile", c’est écrit "déchirez ici". Sous-entendu : tu vas voir ma fille, c’est facile comme tout, un petit coup de déchirure ici et en moins de deux, tu pourras boire ton Candia peinarde. Moi je veux bien, mais ne suis pas la sœur de Hulk, voyez-vous ? Je n’y arrive pas, à "déchirer suivant les pointillés". Et si par hasard, dans un élan de force incommensurable, je parviens à dégommer ce bout de carton récalcitrant, j’ai quatre chances sur cinq de recevoir la moitié de la brique de lait sur mes pompes en daim à 800 balles (et le lait qui sèche, dieu sait que ça pue, en plus de tâcher !). Donc là encore, recours aux ciseaux, qui nous ont déjà sauvé la mise plus d’une fois, en permettant une ouverture précise et effectivement "facile" (ce qu’on demande depuis le début, en somme…)
A bien y réfléchir, c’est louche, cette affaire. Les inventeurs de la formule "ouverture facile" seraient actionnaires dans une fabrique de paires de ciseaux, ça ne m’étonnerait pas tant que ça…