Petit manuel à l'usage des garçons qui ne comprennent pas bien les filles - Chapitre 1
La garde-robe d'une fille
Ce week-end, en passant devant chez Gap, j’ai dit à mon ami M. "viens, on rentre dans le magasin, j’ai besoin d’un nouveau jean". Sa réponse a fusé comme un missile : "pour quoi faire ? T’en as déjà quatre". Je l’ai d’abord regardé bouche bée, consternée devant tant de naïveté. Puis une fois remise du choc, j’ai décidé d’agir. Toi, mon petit père, va falloir que je te recadre un peu les choses à propos du fonctionnement de la penderie d’une minette.
Ne sais-tu pas, jeune homme, que même si l’armoire d’une fille déborde de pantalons Zara, de chemises Benetton, de jupons Maje et de tee-shirts Petit Bateau, il n’y a qu’une règle d’or à retenir par cœur : « une fille n’a jamais rien à se mettre ». Point. Ne cherche pas plus loin.
Je te donne un exemple très concret, pour t’aider à comprendre. Tu vas voir, c’est relativement simple, quand on s’en donne la peine. Prend le fameux petit pull noir. Tu vois de quoi je parle ? Bon. Oui, c’est vrai, j’en ai déjà plusieurs. C’est bien, tu es observateur. Mais viens là que je te montre quelque chose : il y a toujours une subtile différence entre deux modèles. Celui-ci a un col en V, et celui-là un col rond. Celui-ci est en cachemire, donc idéal pour l’hiver, à l’inverse de celui-là, en maille légère, parfait pour les soirées fraîches d’été. J’en ai aussi un très habillé, et un que je mets surtout pour traînasser. Celui-là est très décolleté, faut mettre un top en dessous. Et l’autre, là-bas, il est un peu grand, mais je l’aime trop pour le jeter. Ah, et le dernier de la pile, là, il a un petit détail gnangnan sur les poignets, mais comme c’est un cadeau, j’peux pas le donner, tu vois ? Tu comprends mieux maintenant, jeune homme ? Tu saisis l’importance de se procurer dare-dare ce mêêêrveilleux petit pull noir que tu jugeais si classique au départ ? Voilà, c’est bien, tu commences à faire des progrès.
De façon plus générale, abstiens-toi de tout commentaire quand une jeune fille pleure de détresse devant sa garde-robe. Non, même ce regard apitoyé ne servirait qu’à déclencher une crise. Eloigne-toi le temps de l’orage. Ou mieux, propose-lui innocemment "on ira faire des courses, demain, si tu veux ?". Tu verras alors son visage s’illuminer et son petit cœur fondre de bonheur devant tant de gentillesse et de compréhension. En trente secondes, tu viens de gagner cinquante points.
C’est pas difficile, franchement, si ? Voyons si tu as compris…
Exercices pratiques
Difficulté * : Force-toi à ne plus faire de réflexion désobligeante quand tu entends une fille dire qu’elle n’a rien à se mettre. Au début, tu peux avoir un peu de mal, mais ça viendra vite avec l’habitude. Une fois cette technique maîtrisée, tu peux te permettre quelques fantaisies, du style hocher la tête gravement, ou prendre un air désolé. Mais en aucun cas il faut que ça n’ait l’air moqueur. Sinon, recommence depuis le début.
Difficulté *** : Choisis dans la garde-robe d’une fille un type de vêtement dit classique (par ex : la chemise blanche). Apprend par cœur les caractéristiques de toutes les chemises blanches qu’elle possède : composition, boutonnage, manches longues ou ¾, col classique ou mao, etc. Il faut devenir incollable sur le sujet, sans qu’elle ne s’en rende compte. Lors de votre prochaine virée shopping ensemble, lorsqu’elle essayera une nouvelle chemise et qu’elle te demandera ton avis, dis-lui d’un ton détaché : "elle est très jolie, et en plus, ça change de ta chemise avec le col arrondi ; et puis celle-ci a les manches évasées et tu n’en as pas comme ça ; non franchement, tu devrais la prendre, elle est bien". Admire le résultat de ton travail : elle est scotchée.
Good job, jeune homme ! Non, ne me dis pas merci, c’est toi qui as bien travaillé…