Un poids, deux mesures
Avec les températures printanières des derniers jours, Chéribibi a soudainement décidé de retrouver sa ligne de jeune homme, et donc de perdre un peu de poids. Il est venu me trouver un soir, une balance sous le bras, affichant l'air grave de ceux qui ont une très mauvaise nouvelle à annoncer. "Chuis gros, ça va plus du tout...", m'a-t-il dit, en empoignant ses petites poignées d'amour d'un geste rageur. Et au terme d'un long diagnostic, il a fermement conclu sur ces mots : "demain, régime !".
C'est là qu'on a commencé à se marrer.
Faire attention, manger moins gras, supprimer toutes les cochonneries sucrées... il faut déjà savoir que tous ces principes ne sont pas vraiment le fort de Chéribibi. Môôôsieur est un épicurien, amoureux des petits plaisirs de la table. Alors un régime, excusez-moi de rigoler, mais bon.
Il a commencé fort, cela dit. A ma mise en garde sur les boissons dites light bourrées d'aspartame pas top pour la santé, il m'a rétorqué sûr de lui : "Bah j'vais prendre du Coca Zéro alors. Y'a rien dedans, "zéro" sucre". Ah ouais, d'accord... Y'a du boulot. Comment t'expliquer, mon chéri, que c'est justement parce que c'est "zéro sucre" que c'est encore plus blindé de faux sucres, du coup ?
J'ai ensuite eu droit au "terminé le croissant du samedi matin. Dorénavant, c'est baguette aux céréales, point barre". (Il avait l'air tellement sérieux en disant ça que je l'ai presque cru).
Le pompon de l'affaire intervient au moment où il est revenu des courses. Dans son panier, entre autres, des 'steacks' de boulghour et épaultre (mais lol, quoi), des lardons, certes, mais BIO (comme si bio signifait régime), des yaourts nature (le truc qu'il n'a pas du manger depuis mille ans au moins), un assortiment de légumes dont... un panais (dieu seul sait comment (et si) on va finir par cuisiner ce truc), et... tadaaaaam... le lot promotionnel de deux tablettes de chocolat amandes caramélisées Côte d'Or, "parce que bon... faut pas déconner non plus". (Je vois)
J'ai de plus interdiction formelle de toucher aux galettes de céréales complètes, parce que c'est ce qu'il se réserve pour les moments où moi, vilaine égoïste, je boulotterai du chocolat ou des bonbecs. (Mais ne t'en fais pas, mon coeur, je te les laisse, tes truc insipides au goût de polystyrène).
Bien. Trois conclusions s'imposent :
- Je sens que ça ne va pas être la fête du slip tous les jours dans mon assiette, vu que c'est lui, en majorité, qui fait la cuisine,
- Je me demande si je n'aurais pas préféré qu'il décide d'arrêter de fumer,
- Je lui donne huit jours pour repiquer à nouveau dans le pot de Nutella.
Comment on dit, déjà ? "C'est l'intention qui compte", non ?