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Gin Fizz
15 avril 2009

Licence to kill

volant_1Ce n’était peut-être pas un hasard complet, si j’y allais à reculons, à ce truc. Appelez ça comme vous voulez : le flair, l’instinct, le sixième sens féminin. Ou tout simplement la confiance plus que médiocre en mes capacités de future conductrice. Toujours est-il qu’avant même de signer le contrat de l’auto-école, j’avais déjà le feeling que je m’embarquais dans un projet prise de tête force huit.

Hé ben, bingo. Et plutôt deux fois qu’une.

Pourtant, au commencement, c’était pas si mal barré que ça. Toutes ces sombres histoires de code, de grilles à remplir, de A, B, C à cocher et de « selon vous, qui a la priorité dans l’image suivante ? », c’était un peu une formalité, pour moi. Il faut bien dire que, bonne élève jusqu’au bout des ongles, je me farcissais mes leçons à la chaîne, quasiment tous les jours, appliquée, studieuse et obstinée.
Bon, y’avait bien toutes ces questions théoriques à la con, où – allez savoir pourquoi – on vous demande de connaître la densité d’un pneu de bagnole (comme si j’avais Bac +3 en mécanique, quoi) ou de tout piger au fonctionnement de ce putain de disque de stationnement, ce qui entre nous, est déjà une bonne rigolade quand on sait que se garer à Paris est moins facile que d’intégrer Polytechnique.
Mais malgré ces pièges à trois escudos, je m’en étais tirée haut la main, hop hop hop, code réussi, merci bien m’sieurs dames, sous vos applaudissements, finie la rigolade, par ici la sortie.

Restait donc l’épreuve du feu.
Moi collée derrière un volant, voiture en marche.
ET face à des gens dans les rues.
Au-se-cours.

Le test d’évaluation démarre plutôt mal. Antonin, mon moniteur, conclue ma petite démonstration talentueuse (parce que si, caller sept fois en dix minutes est un talent à part entière) (enfin je trouve) par un « ah ouais, quand même… », me colle d’office dix heures de cours en supplément des vingt minimum requises pour passer l’examen, et figure systématiquement aux abonnés absents lorsque je tente de prendre un cours avec lui ensuite. Ah ouais d’accord, je vois le genre.

Heureusement, j’arrive péniblement à prendre mes trente heures grâce à Simone, qui me rappelle à chaque fois de ne pas conduire tant sur la droite, parce que sa collection de rétroviseurs arrachés est complète, et qui m’interdit les talons pour conduire parce que « c’est pas encore ça, ma biche », Etienne qui saute sur le volant pour contre-braquer dès que je m’écarte de trois centimètres de la route décidée, et lui vaut le surnom mérité de Etienne-oh-tiens-le-bien (le volant, hein), et Florentin qui se poile en quatre dès qu’il apprend que c’est avec moi qu’il a cours, et je sais pas trop comment je dois le prendre, à vrai dire.

(Nous ouvrons ici une parenthèse pour signaler qu’aucun être humain, animal ou végétal n’a été blessé ou maltraité durant ces trente heures de cours. En revanche, nous admettons que quelques carrosseries, pneus et trottoirs ont légèrement souffert durant l’exercice.)

Quelques semaines plus tard, fin prête (ha ha ha, trop pas, en fait), je me présente à mon examen de conduite. J’ai tout bien révisé, j’ai pris mes deux dernières heures de cours la veille, je connais le lieu par cœur, depuis les sens interdits jusqu’aux dos d’âne. Pourtant, au fond de moi, quelque chose fait pschiiiiittttt. J’ai les miquettes comme pas deux, et ça doit se sentir un max.

Rétros, ceinture, démarrage… Tout se passe bien, mais je ne vis que dans la hantise que InspectorLaTerreur ne me demande de faire un créneau. Première à gauche, ok. « Vous prendrez la seconde à droite ». Ha ha, je l’ai bien eu, je le sais que c’est un sens interdit, il est bluffé. (Bon, ok, il hoche juste la tête mollement). On continue notre route, je checke outrageusement dans mes rétros pour bien montrer que j’ai trop bien choppé le réflexe. Bref, tout roule (si je puis dire...)

Quand soudain, l’effroi. Merde. Ce con m’emmène sur l’autoroute. L’autoroute ! C’est presque pire que le créneau. C’est là que je perds tout sens de la raison.

- « Melle A., Pouvez-vous me dire à combien est limitée la vitesse sur cette partie de l’autoroute ?
- A 90.
- Et vous rouliez à combien ?
- … A 115 environ ».
Autant dire que le petit papier rose, je pouvais lui dire adios. Putain, il pouvait pas me filer un créneau à faire, plutôt, ce con ?

Renfrognée, assise à l’arrière de la voiture pendant que d’autres subissent le moment de torture, j’attends le verdict. L’inspecteur finit par se tourner vers moi, et me lance : « Melle A., vous aviez un train à prendre ou quoi ? ». Je m’attends à me faire assassiner sur place, quand le type balance un saugrenu « … mais malgré votre léger ( ?!!) écart de vitesse, on sent que vous avez une conduite sûre et que vous maîtrisez votre véhicule… »

Gné ?
Pardon ?
Qu’ouie-je ?

J’ai donc eu mon permis. Du premier coup, là où beaucoup d’autres auraient sans doute eu à le repasser, je n’en doute pas.

Et tout ça pour quoi ? Pour que j’ose à peine toucher un volant aujourd’hui, et que même les rares fois où je me lance en plein Paris (la dernière datant d’au moins six ans), je demande aux copains qui m’accompagnent de bien vouloir faire les créneaux à ma place, parce que moi, j’y arrive paaaaaaaas. C’était bien la peine, tiens.

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Commentaires
N
Hé bé... Tu dois être sacrément migonne! :D
K
Arpenteur > une proposition... d'avoir peur, ouais ! :)<br /> <br /> Eglantine > Ah ouais, tjs pas de créneau au bout d'un an de reprise ? PAs très encourageant pour moi, tout ça ;)<br /> <br /> Winnie > je crois que tant que je ne serai pas FORCEE de conduire (pour un job ou à cause des futurs enfants), c'est pas demain la veille que je m'y remets, moi !<br /> <br /> seb > 'tain, le coup du stop d'entrée de jeu, c'est comme mon excès, ça aurait du être rédhibitoire ! A mon avis, on a des bonnes tronches, c'est pour ça ! :)<br /> <br /> greg > merci... mais c'était y'a 10 ans, hein ! je précise ! <br /> <br /> Lazy Daisy > voilà un examinateur très porté sur la sensibilité féminine ! Bravo ! :)<br /> <br /> Emes > tu rigoles, mais n'empêche que le jour où je dois reprendre le volant, je me demande si je ne vais pas aller prendre 2h de conduite en auto-école pour réapprendre les réflexes et les techniques de base (notamment le créneau) !
E
Ils devraient inventer les formations spéciales "créneau" à refaire tous les 3 mois... Quatre ans que j'ai mon permis, et je préfère ne pas me garer plutôt que de tenter un créneau même si la rue est complètement déserte (en fait, j'ai peur pour les voitures qui sont déjà garées)!
L
Je me souviens que j'ai raté mon créneau et l'examinateur m'a dit : "je pense que le bleu ne vous inspire pas, allez faire un créneau derrière la voiture rouge là-bas". Et bizarrement, ça s'est tout à fait bien passé ! et j'ai aussi eu mon permis du premier coup !<br /> Comme quoi, ça tient à peu de chose, hein !
G
Il était temps :p<br /> Bravo malgré tout mademoiselle :)
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