La femme chocolat
Cette fois, c’est officiel, je frôle la crise de foie.
En plus d’une boîte taille XXL qui se trouvait au pied du sapin, au moins trois de nos fournisseurs ont eu la bonne idée d’offrir des chocolats à mon équipe et/ou moi, en guise de cadeau de bonne année et de symbole de "relations commerciales amicales, honnêtes, florissantes bla bla blaaaaaa".
Autant vous dire que mon bureau a passé le mois de janvier à ressembler à une succursale de Milka, la déco vache mauve en moins. Franchement, Charlie et sa chocolaterie à deux balles peuvent bien aller se rhabiller, je les éclate haut la main.
Evidemment, pour ne pas faire de jaloux et honorer mes fournisseurs, je les ai tous goûtés, ces chocolats. C’est bien la base de la politesse, quand même, non ? Si si, c’est ce que ma maman m’a appris.
Bon. Ben… Comment dire ?
On ne va pas tourner autour du pot quinze ans, hein, je vous la fait courte : au terme d’une longue étude approfondie sur tout ce qui se fait de mieux en matière de cacao sur le marché actuellement, je crois pouvoir dire sereinement aujourd’hui que je préfère… les chocolats de supermarché. Voilà.
Brrrrr, je sens d’ici le frisson de stupeur qui parcourt l’assistance. Horreur, enfer et damnation. C’est là, logiquement, que vous me sortez le grand couplet sur le mode « franchement t’as pas honte ? Toutes ces saloperies pleines de graisse et de sucre ? Tous ces trucs dégueus qu’on oserait à peine appeler chocolat ? ».
Ouais, mais même.
Je trouve que ça se la pète un peu, chez tous ces chocolatiers, à mettre de la ganache par-ci, du craquelin par là, des éclats de fèves de cacao à tire-larigot et des liqueurs-que-tu-t’en-fous-partout-quand-tu-croques-dedans-parce-que-c’est-pas-marqué-dessus.
Alors que franchement, une bonne vieille boîte de Pyrénéens ou de Champs-Elysées, achetés au Monop’ du coin, et je suis comblée. Même du Kinder, je prends. Surtout du Kinder. A condition qu’on me vire cette photo de gamin au sourire plus que niais, là, sur l’emballage (mon dieu, mais que fait la police, bordel ?).
Oui, bon. J’ai jamais prétendu avoir du goût en matière de chocolat, hein, détendez-vous…
…
J’aimerais bien que mes fournisseurs nous achètent du Kinder. Au lieu de ça, ils préfèrent se la jouer grand seigneur et se ruiner en Dalloyau, Leonidas et autres Jeff de chais-plus-quel-bled. Nul. Et dire qu'en plus, ils vont sans doute remettre ça à Pâques. Pfffff…
J’ai hâte.